Le projet de consigne pour les bouteilles en plastique a finalement été abandonné par le gouvernement. Ce dernier aura écouté les demandes des municipalités, plutôt contraires au retour de la consigne en France. Sans compter que dans une économie frappée par une forte inflation, le risque de cette mesure était de rajouter un poids majeur sur le portefeuille des Français.
Consigne sur les bouteilles plastique : le projet avorté (pour l’instant)
La guerre des consignes n’aura pas lieu
Afin d'améliorer le taux de tri du plastique en France, le gouvernement avait envisagé la mise en place d'une consigne pour les bouteilles en plastique. Le principe était simple : les consommateurs auraient acheté leurs bouteilles quelques centimes plus chères et auraient été remboursés en ramenant ces bouteilles dans des points de collecte. Un système que les Français ont déjà connu auparavant, sur les bouteilles de verre. Et un système qui existe encore en Europe, notamment en Allemagne où la consigne coûte 25 centimes d’euro. En France, le coût prévu tournait aux alentours des 20 centimes d’euro.
Mais ce projet a suscité de vives oppositions, notamment de la part des collectivités locales en charge de la gestion des déchets et des associations d'élus locaux. « La mobilisation des élus locaux a payé, cet abandon d’une fausse consigne contre-productive est une victoire pour le collectif unitaire d’associations d’élus qui n’a eu de cesse de faire des propositions argumentées ces derniers mois », a déclaré l’association Intercommunalités de France après l’annonce de l’abandon du projet.
Les associations de collectivités appellent à une mobilisation de tous les acteurs en faveur d’un plan d’accélération de la prévention, du tri et du recyclage des emballages et saluent l’abandon par le gouvernement de la fausse consigne sur les bouteilles plastiques pic.twitter.com/WTq26G0100
— AMF | maires de France (@l_amf) September 28, 2023
Pourquoi le gouvernement change de braquet ?
L’abandon de la consigne sur les bouteilles plastique a été confirmée le 27 septembre 2023 par le ministre de la Transition écologique. Christophe Béchu a souligné que la consigne des bouteilles en plastique « ne rencontre pas la pleine adhésion dont nous avons besoin aujourd'hui ». Les Français, ainsi que les intercommunalités, craignaient une augmentation des coûts et un système totalement ingérable.
Mais ce n’est pas tout : les industriels de l’agroalimentaire n’étaient pas favorables non plus. Une bataille s'était instaurée entre les industriels des boissons, du recyclage et les collectivités locales autour de la propriété des bouteilles usagées. Dans le cas où la bouteille finissait par appartenir aux industriels, les collectivités n’auraient pas pu les recycler et les réutiliser. Or, certaines ont investi dans de nouveaux systèmes de recyclage et comptent sur le plastique pour les rentabiliser.
Pas de consigne… mais pas question de réduire le tri
Plutôt que de généraliser la consigne, le gouvernement souhaite activer "d'autres leviers" pour améliorer la collecte des emballages plastiques. Parmi ces leviers, on compte le renforcement du tri dans les rues, les établissements publics et la simplification des consignes de tri des emballages. Un système de bonus-malus, récompensant les collectivités les plus performantes en matière de tri, est également à l'étude.
L'abandon de la consigne ne signifie pas pour autant un désintérêt pour l'écologie. Le gouvernement a, pour la France, des objectifs ambitieux en matière de recyclage, avec un taux de collecte des bouteilles en plastique visé à 77% en 2025 et 90% en 2029. Actuellement, ce taux est de 62%. Le gouvernement est donc déterminé à trouver d'autres solutions pour atteindre ces objectifs.
La consigne sur les bouteilles plastique, quant à elle, reste une option. Tout dépendra des résultats des autres leviers. Si ces denriers ne sont pas concluants, le gouvernement pourrait, dans les années à venir, remettre l'idée de la consigne sur la table.