Conclave sur les retraites : au tour de la CGT de s’en aller

Le conclave des retraites, censé apaiser les tensions après la réforme contestée de 2023, sombre dans la tourmente. Après Force Ouvrière et l’U2P, c’est au tour de la CGT d’annoncer son départ fracassant des négociations. Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat, dénonce une mascarade orchestrée par le gouvernement et le patronat. La réforme est-elle encore réformable ?

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Par Aurélien Delacroix Modifié le 20 mars 2025 à 14h27
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Conclave sur les retraites : au tour de la CGT de s’en aller - © Economie Matin
50%50 % des Français souhaitent une motion de censure contre le gouvernement sur la question des retraites.

CGT : un départ qui sonne comme un coup de grâce pour le conclave des retraites

Le 19 mars 2025, Sophie Binet, secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), a annoncé que son syndicat quittait définitivement les concertations du conclave sur les retraites. Une décision lourde de conséquences, qui fragilise un peu plus une négociation déjà exsangue. « Le Premier ministre et le patronat ont définitivement enterré ce conclave », a déclaré la leader syndicale au journal de 20 heures sur France 2.

Le point de rupture ? Le refus catégorique de François Bayrou, chef du gouvernement, de revenir à un âge de départ à 62 ans. Une ligne rouge pour la CGT, qui estimait que cette revendication devait être au cœur des discussions. Après Force Ouvrière (FO), qui avait déjà quitté la table le 27 février, dénonçant une "mascarade", et l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui parlait d’un "jeu de dupes", ce nouveau départ plonge le conclave dans une crise existentielle.

François Bayrou inflexible : pas de retour aux 62 ans pour l’âge de départ à la retraite

Le message du gouvernement est clair : il n’y aura pas de retour en arrière. François Bayrou l’a répété devant les sénateurs cette semaine : « Il faut maintenir un équilibre budgétaire. Revenir aux 62 ans serait une erreur économique et politique ». Pour Sophie Binet, cette position est une trahison des engagements pris par le gouvernement. « Le Premier ministre trahit des millions de salariés qui se sont battus pendant six mois en 2023 contre cette réforme injuste », a-t-elle martelé.

La CFDT, de son côté, n’a pas encore claqué la porte, mais Marylise Léon, sa secrétaire générale, remet en question les bases mêmes du conclave. Sur RMC, elle a appelé à "changer les règles" de cette négociation, estimant qu’elle était biaisée dès le départ. Une proposition immédiatement rejetée par le gouvernement, qui n’entend pas modifier le cadre des discussions.

Vers une implosion totale du conclave sur les retraites ?

Les départs successifs posent une question : ce conclave a-t-il encore une raison d’exister ? Avec trois acteurs majeurs qui désertent, la légitimité des discussions est plus que jamais remise en cause. À gauche, les critiques fusent. Hadrien Clouet, député La France Insoumise, estime que le conclave était "une pantalonnade depuis le début", dénonçant un écran de fumée du gouvernement. Dieynaba Diop, députée socialiste, met en garde : « Le débat doit revenir à l’Assemblée nationale. Sinon, la censure sera de nouveau sur la table. »

Un sondage Elabe pour BFMTV, publié le 20 mars 2025, révèle que 50 % des Français souhaitent une motion de censure contre le gouvernement sur la question des retraites. L’exécutif, qui pensait refermer la plaie de la réforme de 2023, voit aujourd’hui son pari s’effondrer.

Le patronat inquiet, le Medef tente de sauver les discussions

Face à cette tempête, le Medef, principale organisation patronale, tente de calmer le jeu. Patrick Martin, son président, appelle à "laisser une chance au dialogue", mais reconnaît que "la situation des finances publiques devient critique". De leur côté, les artisans, commerçants et professions libérales de l’U2P ont jeté l’éponge, estimant que la réforme nécessitera "des efforts supplémentaires" et qu’un recul de l’âge de départ au-delà de 64 ans sera inévitable.

Avec des négociations au bord du gouffre et une contestation grandissante, le gouvernement de François Bayrou pourrait rapidement se retrouver en difficulté. Si aucun accord ne voit le jour, la réforme Borne de 2023 restera en vigueur, malgré l’opposition d’une majorité de syndicats et d’une grande partie de l’opinion publique.

Le risque est grand de voir ce dossier enflammer de nouveau la rue et les bancs de l’Assemblée nationale. La CGT et les autres syndicats préparent-ils une nouvelle riposte ?

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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