Face à la baisse des ventes de voitures électriques, les constructeurs automobiles européens demandent un assouplissement des règles d’émissions de CO2 imposées par l’Union européenne. Luca de Meo, président de l’Association des constructeurs européens et patron de Renault, tire la sonnette d’alarme, craignant des amendes colossales et une baisse de production.
CO2 : les constructeurs automobiles risquent 15 milliards d’euros d’amendes
Le marché de la voiture électrique en Europe est en perte de vitesse. En août 2024, les véhicules électriques ne représentaient que 12,5 % des ventes, un recul de 10,8 % par rapport à l’année précédente. Cette situation inquiète Luca de Meo, président de l’Association des constructeurs européens (ACEA) et PDG de Renault.
Une industrie en difficulté
Lors d’une interview accordée à France Inter le 7 septembre, il a alerté sur les conséquences financières désastreuses pour l’industrie automobile si cette tendance persiste. « L’industrie européenne va peut-être devoir payer 15 milliards d’euros d’amendes ou renoncer à la production de plus de 2,5 millions de véhicules », a-t-il prévenu.
Le respect des normes d’émissions de CO2 fixées par l’Union européenne repose en grande partie sur les ventes de voitures électriques. En effet, chaque véhicule électrique compense les émissions de quatre voitures thermiques. Or, avec des ventes en baisse, les constructeurs risquent de ne pas atteindre les objectifs imposés et de subir des sanctions financières sévères.
Selon Luca de Meo, plusieurs facteurs expliquent cette stagnation des ventes. Tout d’abord, les prix des voitures électriques restent élevés, freinant ainsi leur adoption massive. Ensuite, l’infrastructure de recharge n’est pas encore suffisamment développée pour encourager les consommateurs à franchir le pas. Enfin, l’incertitude sur les subventions à l’achat complique davantage la situation. L’exemple de l’Allemagne, qui a supprimé ses aides en décembre 2023, a conduit à une chute drastique des ventes dans le pays.
L’industrie automobile sous pression
Le patron de Renault a souligné la nécessité de « stabilité » et de « visibilité » sur les subventions pour soutenir le développement du marché. Sans ces aides, les projets industriels européens, notamment ceux liés à la fabrication des batteries, pourraient être compromis. « Si les voitures électriques ne se vendent pas, ces projets-là auront des difficultés », a-t-il averti.
La pression ne vient pas uniquement des politiques environnementales européennes, mais également de la concurrence chinoise, qui pousse l’industrie automobile européenne à revoir ses stratégies. Volkswagen, le plus grand constructeur européen, a ainsi annoncé la préparation d’un plan d’économies drastique qui pourrait entraîner la fermeture d’usines en Allemagne.
Renault, de son côté, ne devrait pas être affecté par des mesures aussi extrêmes. Luca de Meo a rappelé que le groupe avait déjà « réduit la capacité de production de plus d’un million de véhicules » ces dernières années, dans un effort de rationalisation. « Le contexte est très très compliqué », a-t-il toutefois reconnu, soulignant l’importance de continuer à s’adapter aux nouvelles contraintes du marché.