C’était clairement l’évènement de la journée du 28 novembre 2023 Christopher Waller, membre de la Fed, a détendu les taux obligataires et propulsé les marchés actions après une série de propos plutôt rassurants sur la trajectoire de l’inflation et des taux.
Le marché « sélectif » sur les propos de Christopher Waller de la Fed ?
Il a déclaré qu’il était « de plus en plus confiant que la politique monétaire est actuellement bien positionnée pour ralentir l’économie et ramener l’inflation à 2% ». Ajoutant qu’il « existe certainement de bons arguments économiques (…) qui vous diraient que si nous voyons la désinflation se poursuivre pendant encore plusieurs mois, je ne sais pas en termes de durée, 3 mois, 4 mois, 5 mois, et que nous ayons confiance sur le fait que l’inflation est réellement en baisse et sur sa trajectoire, alors nous pourrions commencer à baisser les taux ».
Ces propos ont fait mouche et les taux ont accéléré leur repli. Le taux 2 ans américain est passé sous 4.80% et évolue actuellement à 4.66%, son plus « bas » niveau en 4 mois. Une détente des taux qui a profité aux marchés actions : l’indice de volatilité du SP500, le VIX, évoluant sous 13 c’est-à-dire son plus bas niveau depuis janvier 2020, avant la pandémie.
Mais, une fois n’est pas coutume, les marchés ont fait preuve de sélectivité sur les propos de Christopher Waller. Ce dernier a en effet ajouté que le ralentissement de l’économie (induit par la politique monétaire restrictive) aurait un impact sur les défauts de crédit (credit delinquencies) et les résultats des entreprises. Indiquant également que ce sont des signes de modération de la demande attendus par la Fed.
Les marchés ont donc préféré jouer la carte « détente de taux » plutôt que « ralentissement économique à venir ». Sachant également que ces propos de Christopher Waller font échos à ceux de Jerome Powell qui a récemment rappelé que la croissance américaine devrait passer par une phase de croissance sous le potentiel pour ramener l’inflation durablement vers l’objectif.
On note depuis plusieurs semaines que les chiffres macroéconomiques américains tombent désormais beaucoup plus régulièrement sous le consensus qu’au-dessus…signe probable que le ralentissement économique américain a commencé.
Les marchés pourraient donc être tiraillés dans les semaines qui viennent par deux forces qui s’opposent : d’un côté la détente des taux obligataire qui soutient pour l’instant le rebond des actions, mais de l’autre des pressions qui devraient s’accroître sur la macro. Et donc nous pourrions, pendant quelques temps, parfaitement avoir des taux obligataires américains qui se détendent, mais sans forcément générer de rallye supplémentaire sur les actions, si les craintes macro s’intensifient avant que la Fed ne pivote réellement sur sa politique monétaire. Un schéma qui favoriserait donc la consolidation sur les marchés actions, c’est-à-dire une alternance de hausses et de baisses, sans revenir tout de suite sur les sommets historiques pour les indices américains comme le SP500, le Nasdaq100 ou encore le Dow Jones.