Gratuite sur ordinateur, payante sur smartphone, la dernière version du fameux agent conversationnel d’OpenAI marque un nouveau tournant pour l’étoile montante de la Silicon Valley, face à ses challengers de plus en plus nombreux.
Intelligence artificielle : est-ce encore pertinent de payer Chatgpt ?
Les avancées de ChatGPT 4o
La semaine dernière, OpenAI a dévoilé ChatGPT 4o, une nouvelle version gratuite de son robot conversationnel. Étonnamment, cette version permet aux utilisateurs d’accéder à de nombreuses fonctionnalités – entre autres, la possibilité de se connecter au web, d’analyser des images, d'interpréter des commandes vocales ou de synthétiser des documents – jusqu’ici réservées aux seuls abonnés de ChatGPT Plus, sa version premium à 24 dollars (environ 22 euros) par mois.
« La nouvelle version gratuite est devenue très performante, dotée notamment d’une meilleure capacité d’analyse et de synthèse. L’aide à la rédaction est aussi plus efficace », souligne Matthieu Corthésy, fondateur de l’agence MCJS qui accompagne les entreprises dans l’intégration des technologies d’intelligence artificielle. Pour lui, la version payante n’est plus vraiment justifiée. « Les outils proposés sont les mêmes que dans la version payante, avec seulement quelques limites imposées sur le nombre de requêtes. Mais à moins d’une utilisation intensive, ChatGPT 4o paraît bien suffisant », estime-t-il chez nos confrères de Capital.
Un modèle payant sur mobile
Pour autant, n’allez pas croire que Sam Altman, le patron d’OpenAI, est pris d'un brusque élan de philanthropie. Malin, le nouveau tycoon de la Silicon Valley continue de faire payer les aficionados du smartphone. Sur téléphone mobile, il faut toujours s’abonner pour continuer de profiter des avancées de ChatGPT. Pour le moment, la stratégie est payante. Selon les chiffres d’Appfigures.com, les revenus d’OpenAI ont bondi de 22 % dès le 13 mai, jour du lancement de sa nouvelle version. Le lendemain, ses recettes nettes ont même explosé à 900 000 dollars, soit à peu près deux fois plus qu’une journée moyenne.
Mais la popularité du célèbre chatbot, qui revendique aujourd’hui encore plus de 180 millions d’utilisateurs dans le monde - toutes versions confondues - pourrait être menacée par ses rivaux, de plus en plus nombreux.
Des rivaux de taille
Parmi les outils d’aide à la rédaction, le robot conversationnel Claude fait forte impression. « Dans sa version gratuite, Claude écrit déjà mieux que la mouture la plus évoluée de ChatGPT », estime Matthieu Corthésy. Dans son modèle le plus performant baptisé Opus, Claude est toutefois payant (comptez une vingtaine d’euros par mois). Accessible en langue française depuis la mi-mai, cette intelligence artificielle lancée seulement l’an dernier a été développée par les ingénieurs d’Anthropic, une start-up qui compte dans ses rangs des transfuges d’OpenAI et qui a levé l’an dernier plus de 7 milliards de dollars auprès des géants Amazon et Google notamment.
Pour créer des images à partir de simples consignes ou d’un petit descriptif, Midjourney reste souvent considérée comme supérieure à Dall-E, l’application rivale intégrée dans ChatGPT. « Midjourney reste toutefois un peu plus difficile d’accès pour les non-initiés, reconnaît Matthieu Corthésy. Pour les profanes, la version gratuite de l’application Firefly, développée par Adobe fait aussi très bien le job ».
La recherche internet : un domaine contesté
Dans le domaine de la recherche sur Internet, ChatGPT risque aussi d’avoir fort à faire avec Gemini, l’intelligence artificielle que Google a tout juste commencé à déployer dans son moteur de recherche aux États-Unis et prévoit d’étendre à d’autres pays d’ici la fin de l’année. À la différence de son moteur traditionnel, réputé pour sa liste de liens établie en fonction des mots-clés saisis par l’internaute, ce nouvel assistant répondra directement aux questions formulées par les utilisateurs, dans le langage naturel, sans les obliger à cliquer sur un lien pour accéder aux sources.