Castorama a annoncé une réduction d’effectifs dans son siège de Templemars (Nord), touchant jusqu’à 100 salariés dans le cadre d’un départ volontaire. Ce choix stratégique s’inscrit dans un contexte économique incertain et une détérioration des conditions de travail dans les magasins, depuis plusieurs mois.
Castorama : 100 départs volontaires envisagés au siège
Une réorganisation stratégique pour redresser Castorama
Depuis mars 2024, Castorama a mis en place un « plan stratégique », afin de renouer avec la rentabilité et de « redynamiser » sa compétitivité. Ce plan, ambitieux, repose sur la reconquête de parts de marché, des réductions de coûts et une modernisation de son réseau de magasins. Dans ce cadre, l’enseigne a annoncé, le 28 novembre 2024, la mise en place d’un dispositif de départs volontaires au siège de Templemars, dans le département du Nord. Ce dispositif, qui pourrait concerner jusqu'à 100 salariés, repose sur une rupture conventionnelle collective, un procédé jugé « moins coûteux » pour l'entreprise, mais qui comporte certains risques, notamment sur le plan humain et stratégique.
Dans un communiqué, le groupe britannique Kingfisher, propriétaire de Castorama, justifie cette réduction d’effectifs par la nécessité de s’adapter l'organisation « aux nouvelles priorités stratégiques » de l’enseigne. L’objectif est de renforcer l’efficacité de l’organisation pour faire face à un environnement de marché de plus en plus concurrentiel.
Les chiffres financiers récemment publiés par Kingfisher affichent en effet une tendance inquiétante. Le groupe a enregistré un chiffre d’affaires trimestriel de 3,87 milliards d’euros, en baisse de 0,6% par rapport à l'année précédente. « Concernant l'année prochaine, les récentes évolutions politiques et macroéconomiques font peser une plus grande incertitude sur les perspectives de nos marchés », a déclaré le directeur général de Kingfisher.
Un climat tendu sur le terrain : les conditions de travail se détériorent
Cette annonce s’inscrit dans un climat déjà tendu au sein de l’entreprise, particulièrement sur le terrain. Castorama a en effet réduit ses effectifs de 12 000 à 11 000 personnes au cours de l’année 2024, principalement en raison d’un « turn-over naturel » non remplacé. Présentée par la direction comme une nécessaire adaptation aux conditions économiques, cette baisse du nombre d’employés a des conséquences directes sur les conditions de travail des employés.
Les syndicats alertent ainsi sur les conséquences délétères de ces effectifs en baisse. « Cela dégrade les conditions de travail des salariés qui restent : épuisement professionnel, stress, tensions, dégradation physique », dénonce Jean-Paul Gathier, délégué syndical central FO chez Castorama. Présent dans l’entreprise depuis 27 ans, ce dernier déplore le manque de remplacement des départs naturels, qui laisse les équipes dans une situation difficile. Cette réduction des effectifs, couplée à une charge de travail accrue, intensifie en effet la pression sur les équipes restées en poste, entraînant des symptômes de stress et de fatigue qui affectent la productivité et la motivation, et générant des tensions entre les salariés.
En revanche, la situation au siège de Templemars semble quelque peu différente. Là, le taux de turn-over est plus faible, ce qui laisse penser que des « ajustements » seront nécessaires pour atteindre les objectifs de 100 employés en moins. « Ils doivent donc pousser des gens dehors », synthétise sans euphémisme Jean-Paul Gathier.
Le dispositif de départs volontaires : une stratégie risquée pour Castorama
Le dispositif de départs volontaires, bien qu’annoncé comme un moyen d’alléger les coûts de l’entreprise, inquiètent fortement les syndicats, en particulier sur ses conséquences à long terme. En effet, les départs volontaires concerneront probablement les salariés les plus qualifiés, « ceux qui ont le plus de chances de retrouver un emploi sur le marché », remarque Gathier.
L’entreprise risque ainsi de se priver de compétences-clés. « Nous sommes inquiets pour l'avenir de Castorama. On est sur une stratégie défensive, on a perdu notre leadership » , explique-t-il. Selon lui, cette mesure risquerait de nuire à la compétitivité de l’entreprise, en affaiblissant ses équipes et en entraînant une perte de savoir-faire crucial, dommageable pour faire face à la concurrence des autres enseignes de bricolage.
Castorama prévoit une réunion cruciale ce 12 décembre 2024, pour préciser les modalités du dispositif de départs volontaires, ainsi que les postes concernés et les mesures d'accompagnement pour les salariés. L’entreprise assure qu'elle mettra en place « un cadre dédié et protecteur » pour les volontaires, afin de limiter les risques d’insatisfaction et de garantir une transition la plus fluide possible.