Et si l’alimentation devenait un droit fondamental garanti par l’État ? C’est l’ambition du projet porté par les écologistes, qui souhaitent instaurer une carte vitale alimentaire créditée de 150 euros par mois pour chaque citoyen.
Carte vitale alimentaire : 150 euros pour manger pour tous ?

Derrière cette idée séduisante, un obstacle majeur : son coût. Qui paiera la facture de cette Carte Vitale Alimentaire ? Car le coût pourrait dépasser les 100 milliards d’euros, en fonction de l’assiette d’application. L’Assemblée nationale tranchera le 20 février 2025 un débat qui s’annonce mort-né.
Carte vitale alimentaire : garantir une alimentation accessible à tous
Les écologistes avancent une proposition : celle de créer une sécurité sociale alimentaire en instaurant une carte vitale spécifique, utilisable dans des commerces agréés. L’objectif est double : permettre à chaque citoyen d’accéder à une alimentation saine et soutenir les agriculteurs en privilégiant les circuits courts. Selon le député Charles Fournier, à l’origine du texte comme le rappelle Le Figaro, ce dispositif viendrait compléter les aides sociales existantes et transformerait la manière dont l’alimentation est perçue dans notre société.
L’idée est simple. Chaque mois, 150 euros seraient crédités sur cette carte, utilisables exclusivement dans des enseignes respectant des critères éthiques définis démocratiquement. Les supermarchés classiques ne seraient donc pas concernés, seuls les marchés locaux, les épiceries solidaires et les magasins bio pourraient en bénéficier. Une manière également de soutenir les agriculteurs dont les difficultés se multiplient ces dernières années et qui seraient de fait les principaux bénéficiaires des sommes annoncées.
Le projet se veut universel et accessible à tous, sans conditions de ressources. Contrairement aux dispositifs existants, comme les aides alimentaires accordées sous forme de bons ou de colis distribués par des associations, cette carte offrirait à chacun la liberté de choisir ses produits. Les défenseurs de la mesure estiment qu’elle permettrait de lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire qui touche aujourd’hui près de huit millions de Français.
Comment financer un tel projet ?
L’une des principales interrogations autour de ce projet reste son financement. Les écologistes envisagent un modèle hybride. Cette "sécurité sociale alimentaire" pourrait être financée de la manière suivante :
- 50 % par l’État, ce qui représente plusieurs dizaines de milliards d’euros.
- 25 % par les collectivités locales, déjà en difficulté financière.
- 25 % par une cotisation citoyenne volontaire (sans préciser comment elle serait collectée ni qui y souscrirait).
Si la mesure était appliquée à l’ensemble de la population, son coût annuel dépasserait les 100 milliards d’euros, une somme colossale qui pèserait lourdement sur les finances publiques. L’addition devient en effet vite vertigineuse :
Nombre de bénéficiaires | Coût annuel estimé |
---|---|
10 millions de Français | 18 milliards d’euros |
30 millions de Français | 54 milliards d’euros |
Toute la population (67 millions) | 120 milliards d’euros |
L’idée d’une cotisation volontaire interroge également. Qui accepterait de contribuer à un fonds alimentaire, alors même que les taxes et prélèvements obligatoires sont déjà nombreux ? Les collectivités locales, elles aussi, peinent à boucler leur budget et ne disposent pas forcément des ressources nécessaires pour financer un tel projet.
Carte vitale alimentaire : une alternative crédible à l’aide alimentaire actuelle ?
Les partisans de la carte vitale alimentaire mettent en avant la nécessité de revoir le modèle actuel de l’aide alimentaire, jugé insuffisant. Aujourd’hui, de nombreuses familles dépendent des associations caritatives pour se nourrir, et les files d’attente devant les banques alimentaires ne cessent de s’allonger.
Cependant, l’obligation d’acheter dans des commerces agréés risque de poser problème, notamment en zone rurale, où les alternatives aux grandes surfaces sont rares. L’expérimentation menée en Seine-Saint-Denis avec un chèque alimentation durable a montré que de nombreux bénéficiaires avaient des difficultés à l’utiliser faute de points de vente compatibles à proximité.
Un autre point de friction réside dans la nature des produits éligibles. Qui décidera quels commerces et quels aliments pourront être achetés avec cette carte ? La mise en place d’un système de régulation risque de générer des frustrations et des polémiques.
Comment fonctionnerait la carte vitale alimentaire ?
Caractéristiques | Détails |
---|---|
Mise en place | Expérimentation de 5 ans, début en 2025 |
Montant alloué | 150 euros par mois et par individu |
Utilisation | Achat possible uniquement dans des commerces conventionnés |
Financement | 50 % État, 25 % collectivités, 25 % cotisation citoyenne |
Un pari politique ou un simple coup de comm’ ?
L’issue du débat parlementaire reste incertaine. Si l’idée d’une sécurité sociale alimentaire séduit une partie de l’opinion, son coût et ses contraintes rendent son adoption difficile. Le gouvernement, déjà confronté à des déficits budgétaires conséquents, aura du mal à justifier une dépense supplémentaire de cette ampleur. Et vu le budget d’austérité adopté par 49.3, difficile de croire que l’exécutif ne fera pas barrage. Le 20 février 2025, l’Assemblée nationale devra trancher, mais l'issue du vote ne devrait pas réserver de surprises.
Des alternatives plus modestes sont possibles, comme un chèque alimentaire destiné aux ménages les plus précaires, à l’image du système existant aux États-Unis avec les "food stamps". Cette solution aurait l’avantage d’être moins coûteuse et plus simple à mettre en place… et serait clairement mieux ciblée envers les populations ayant des difficultés à se nourrir.