« Il y a des problèmes de corrosion et des fuites, un bouchage sur un four… mais aussi 32 000 kilomètres de tuyauterie à refaire », explique Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire général de la CGT au sein de la raffinerie. La direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) a imposé l'arrêt de l'activité de la raffinerie depuis le 20 février 2024 soulignant la gravité de la situation. Depuis la mi-décembre 2023, la moitié des installations de Donges était déjà à l’arrêt. La corrosion et les fuites ne représentent pas seulement des défis techniques ; elles posent également des risques majeurs pour la sécurité des employés et pour l'environnement.
« L'ensemble de ces actions représente actuellement des dépenses de l'ordre de 50 millions d'euros par an », indique un porte-parole de TotalEnergies. Du côté du syndicat de la CGT, la tonalité n'est pas la même. Ce dernier critique une politique d'entretien qu'il juge insuffisante jusqu'à présent. « Les salariés sont en sous-effectif et travaillent 12, parfois 16 heures d'affilée… ce qui est dangereux », ajoute Fabien Privé Saint-Lanne, pointant du doigt les conditions de travail des salariés, et illustrant ce qu'il estime comme une politique de moindre coût de la part de TotalEnergies. La raffinerie emploie plus de 650 personnes et n'aurait, selon ses dires, pas versé de salaire à une vingtaine de ses employés d'origine étrangère. Ce n'est pas la première fois que les syndicats mettent l'entreprise en porte-à-faux sur ses pratiques, en manquements. Les salariés avaient bloqué la raffinerie en mars 2023 et le personnel avait dû être évacué en décembre 2023 suite à une fuite dans une unité de traitement d'eaux.
Sur le plan économique, l'arrêt de Donges à de quoi susciter quelques interrogations sur l'approvisionnement en carburant. Étant la deuxième raffinerie, après celle de Normandie, avec une capacité de traitement de 11 millions de tonnes de brut par an, l'impact de cette suspension d'activité, si elle venait à perdurer dans le temps, pourrait se faire sentir bien au-delà de la Loire-Atlantique.
La direction de TotalEnergies assure toutefois que des mesures sont prises pour minimiser les perturbations. Selon ses prévisions, la raffinerie devrait pouvoir reprendre ses activités à la fin du mois de mars 2024. Une reprise qui s'annonce sous le signe de la vigilance, tant sur le plan environnemental que sécuritaire.