Budget 2025 : la gauche réinstaure une forme d’ISF !

Une taxe ciblée sur les ultra-riches

L’amendement adopté par l’Assemblée nationale le 25 octobre 2024 vise un groupe très restreint de contribuables : les milliardaires résidant en France ou y détenant leur patrimoine. Selon le magazine Challenges, ils sont environ 150 en 2024, avec notamment Bernard Arnault ou Françoise Bettencourt. Cette taxe imposerait la fraction des patrimoines dépassant le milliard d’euros de 2 %, engendrant une ressource notable pour l'État. Pour le député LFI Éric Coquerel, cette mesure est « nécessaire pour l’intérêt général et l’écologie », bien que l'opposition craigne des effets de dissuasion pour les investisseurs.

Malgré son adoption à l’Assemblée, cet impôt devra encore franchir plusieurs obstacles, notamment l’approbation du Sénat et la possibilité d’un recours à l’article 49.3. Ce dernier permettrait au gouvernement de faire adopter le budget sans vote, risquant ainsi d'annuler cet amendement. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, exprime fermement son opposition, dénonçant « un impôt qui n’existe dans aucun autre pays » et que « le meilleur moyen de faire fuir ceux qui peuvent investir dans notre pays, c’est exactement celui-là ».

Cette nouvelle taxe devrait rapporter environ 13 milliards d’euros, un montant tout de même non négligeable alors que le gouvernement cherche à réduire les déficits. « Dans ce budget, on demande des efforts pour tout le monde sauf pour les plus riches », déclare Aurélien Le Coq (LFI), ajoutant que cette taxe apporterait une contribution équitable des grandes fortunes.

Budget 2025 : un retour déguisé de l’ISF ?

Certains observateurs voient dans cette mesure une résurgence de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), un impôt supprimé en 2018 sous Emmanuel Macron. Ce nouvel impôt sur les milliardaires semble s’en inspirer, bien qu'il soit limité aux patrimoines d’une envergure exceptionnelle (0,000000001 % des Français). Ce retour symbolique d'une forme de l’ISF révèle une volonté de la gauche de rétablir une justice fiscale perçue comme érodée. L’idée d’un « ISF climatique » avait également été évoquée. En effet, le Nouveau Front populaire venait d’échouer à établir cette idée, qui consiste à prendre en compte l’empreinte carbone du patrimoine, avec un rendement estimé à 15 milliards d’euros selon l’écologiste Eva Sas. Cette proposition a été rejetée par le gouvernement et le RN.

Le vote de cet impôt a pris des allures de victoire pour la gauche, qui y voit un signe de succès inattendu face à une Assemblée très difficile à convaincre tant elle est fragmentée. Cependant, l’absence de nombreux députés du camp macroniste lors du vote a contribué à son adoption. Une négligence critiquée par les opposants, le RN reprochant à la coalition gouvernementale son manque de mobilisation.