Budget 2025 : « Des hausses d’impôts seront nécessaires » selon la Banque de France

Dans un entretien accordé au Figaro le 16 décembre 2024, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, revient sur l’urgence de redresser les finances publiques et relancer la croissance.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 17 décembre 2024 à 7h00
Banque de France piratage fuite de données
Budget 2025 : « Des hausses d’impôts seront nécessaires » selon la Banque de France - © Economie Matin
1,1%La Banque de France prévoit une croissance de 1,1% en 2024.

Redresser les finances publiques et réduire la dette et le déficit seront la mission principale du nouveau Premier ministre, François Bayrou… et elle ne s’annonce pas facile. Surtout qu’à peine nommé, le locataire de Matignon a eu une double mauvaise nouvelle : une dégradation de la note souveraine de la France par Moody’s… et une révision à la baisse de la croissance par la Banque de France.

La Banque de France revoit ses prévisions de croissance à la baisse pour 2025

La croissance française en 2025 sera plus faible qu’anticipé. La Banque de France a révisé ses prévisions à la baisse, annonçant 0,9 % de croissance contre 1,2 % dans ses prévisions de septembre 2024. Dans un contexte marqué par une inflation maîtrisée mais une stagnation économique, François Villeroy de Galhau rappelle que « notre pays doit évidemment réduire ses déficits budgétaires », un impératif renforcé par la récente dégradation de la note française par Moody’s.

Le gouverneur précise que cette décision de l’agence « n’est pas liée à la nomination du nouveau Premier ministre » mais à l’instabilité politique créée par la censure du gouvernement précédent.

Économie française : des finances publiques se dégradent toujours

François Villeroy de Galhau dresse un constat sévère sur la trajectoire budgétaire française dans les colonnes du Figaro. Il rappelle que « les intérêts que nous devons sur la dette [...] vont pour la première fois dépasser le budget de l’Éducation nationale », un symbole fort d’un déséquilibre financier croissant. « Autrement dit, la France, qui était dans le peloton de tête européen, glisse vers la queue. Cette dérive représente un surcoût financier pour toute notre économie, mais aussi un déclin potentiellement grave de notre statut politique en Europe. »

L’écart avec l’Allemagne (le « spread ») illustre cette dérive :

  • 0,5 % d’écart en juin 2023, proche des standards européens.
  • 0,8 % en 2024, signalant une perte de crédibilité financière.

François Villeroy de Galhau estime qu’une telle trajectoire « représente un surcoût financier pour toute notre économie » et un affaiblissement du statut politique de la France en Europe.

Les impôts vont augmenter selon François Villeroy de Galhau

Pour redresser les comptes publics, « des hausses d’impôts ciblées sont sans doute nécessaires », prévient le gouverneur. Ces augmentations ne devraient toutefois « pas toucher les PME ni l’ensemble des classes moyennes ». Toutefois, le cœur de la solution réside dans la réduction des dépenses publiques, un effort difficile mais réalisable : « Les dépenses publiques en France représentent 57 % du PIB, contre 47,7 % en moyenne dans le reste de la zone euro. Ce qui fait 9,3 points de différence, soit 260 milliards d’euros. »

Le gouverneur insiste sur l’importance de l’efficacité des dépenses, plutôt que leur suppression aveugle, pour préserver le modèle social français. « Si nous parvenons à des dépenses plus efficaces sur une partie de cet écart, nous aurons en grande partie résolu notre problème de finances publiques. »

Consommation : l'inflation est enfin maîtrisée

Malgré ce tableau préoccupant, François Villeroy de Galhau souligne une victoire quasi acquise contre l’inflation, tombée à 1,7 % en France. Cette maîtrise ouvre la voie à une baisse des taux d’intérêt de la BCE, une bouffée d’air frais pour l’économie. Toutefois, il rappelle que cette dynamique ne saurait compenser les faiblesses structurelles de la croissance européenne. « La victoire est proche, et quasiment assurée. L’inflation avait dépassé 10% en zone euro il y a deux ans. Elle est retombée aujourd’hui à 2,3%, et même en France à 1,7%. L’inflation européenne devrait se stabiliser durablement autour de notre objectif de 2% dès le premier semestre 2025 », détaille-t-il au Figaro.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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