Budget 2025 : les députés disent « non » à moins d’enseignants

Le mardi 29 octobre 2024, les députés de la commission des finances de l’Assemblée nationale ont voté contre la suppression de 4 000 postes d’enseignants, une mesure initialement incluse dans le projet de budget 2025 du gouvernement. Ce premier vote marque un signal fort des élus face à la politique budgétaire de réduction de personnel dans l’Éducation nationale et est un nouveau revers pour le gouvernement dont les décisions ne semblent pas convaincre.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 30 octobre 2024 à 6h00
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Budget 2025 : les députés disent « non » à moins d’enseignants - © Economie Matin
1,2%Le nombre d’élèves inscrits en maternelle et en élémentaire a diminué de 1,2% à la rentrée 2024

Éducation nationale : suppression de postes pour faire des économies

Pour justifier cette suppression de postes, le gouvernement a mis en avant une baisse démographique des effectifs scolaires, en particulier dans les écoles primaires. Une note du ministère de l’Éducation indique que le nombre d’élèves inscrits en maternelle et en élémentaire a diminué de 1,2% à la rentrée 2024, et la tendance devrait se poursuivre.

Selon les prévisions, la rentrée 2025 verrait une baisse de 97 000 élèves supplémentaires dans les établissements scolaires. Ce contexte a amené le gouvernement à intégrer dans le budget 2025 des réductions de postes dans l’Éducation nationale, arguant qu'une baisse des effectifs élèves permettrait de rationaliser les ressources.

Les chiffres de la réduction de postes d’enseignants

Le projet du gouvernement prévoit une réduction nette de 4 000 postes dans le secteur éducatif, répartis comme suit :

Catégorie d’enseignement Réduction (public) Réduction (privé)
Premier degré (maternelle et élémentaire) 3 155 postes 660 postes
Second degré (collège et lycée) 180 postes 40 postes

Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale, a défendu cette mesure en rappelant que la baisse des effectifs pourrait enfin permettre à la France de se rapprocher des moyennes internationales en matière de taille de classe. Un argument qui ne passe pas.

L’opposition des députés : préserver les effectifs pour améliorer l'éducation

Face à cette réduction de postes, les députés ont exprimé une opposition marquée, portée par le député Paul Vannier de La France insoumise (LFI). Celui-ci a présenté un amendement visant à rétablir les 4 000 postes d'enseignants, jugeant la suppression inopportune pour la qualité de l’enseignement.

Selon lui, cette réduction pourrait aggraver les conditions d’apprentissage en France, où la taille des classes reste supérieure à la moyenne de l’OCDE, avec 22 élèves par classe en primaire contre 19 dans les autres pays membres, et 26 élèves par classe au collège contre 21 en moyenne dans l’OCDE. « La baisse de la démographie scolaire pourrait permettre à la France de rejoindre enfin la moyenne de l'OCDE en termes de taille de classe, mais cela nécessite de maintenir les effectifs actuels d'enseignants, voire d'en créer davantage. »

D'autres députés ont également soutenu l’amendement de Paul Vannier. Ils ont rappelé l'importance de maintenir des classes moins chargées, surtout dans les milieux primaires et secondaires, afin de garantir un suivi pédagogique plus rapproché des élèves.

Analyse comparative : France vs OCDE sur la taille des classes

Niveau scolaire France Moyenne OCDE
Primaire 22 19
Collège 26 21

Les enjeux du vote final : vers une adoption définitive ou un retour à la version initiale ?

Bien que ce vote en commission soit un premier succès pour les opposants à la mesure, il ne garantit pas son maintien dans la version finale du budget. En effet, le texte du budget, après son examen en commission, doit être présenté et adopté en séance plénière à l’Assemblée nationale. Lors de ce passage en hémicycle, c’est la version initiale du gouvernement qui sera étudiée, et il appartiendra aux députés de la confirmer ou de l’amender.

En cas de rejet de la partie “recettes” du projet de loi lors du vote, le texte pourrait être directement transmis au Sénat, où une nouvelle phase de délibérations serait nécessaire. L'amendement voté en commission pourrait être remis en cause si le texte initial du gouvernement est rétabli en plénière. Et c'est le scénario le plus probable se profilant à ce jour, avec à la clé un 49.3 sur l'ensemble du texte.

Les suppressions de postes d’enseignants inquiètent les syndicats

L’annonce de la suppression de postes avait suscité de vives réactions de la part des syndicats enseignants, qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « saignée » dans l’Éducation nationale. Selon eux, cette mesure affaiblirait la capacité des établissements scolaires à fournir un enseignement de qualité. Les syndicats pointent également l'impact possible de cette suppression sur les écoles en milieu rural, où chaque poste est essentiel pour maintenir un accès équitable à l’éducation.

Les amendements connexes : une vision plus large de l’éducation

La commission des finances a également étudié d’autres amendements, incluant notamment la création d'un corps de fonctionnaires spécialisés pour l'accompagnement des élèves en situation de handicap (AESH), ainsi qu'un projet de gratuité des cantines, du transport, des fournitures et des sorties scolaires.

Projet d'amendement Description Coût estimé
Titularisation des AESH Création d’un corps spécifique pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap Non précisé
Gratuité des services scolaires Gratuité des cantines, transport, fournitures et sorties scolaires 6,2 milliards d'euros

Les opposants au projet de gratuité ont jugé la mesure « irresponsable » d’un point de vue financier, bien que le besoin de soutien aux élèves les plus vulnérables ait été largement reconnu.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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