Depuis plusieurs années, l’industrie sidérurgique européenne vacille sous le poids d’une concurrence internationale de plus en plus féroce et de coûts énergétiques exorbitants. Face à cette situation alarmante, Bruxelles a dévoilé le 19 mars 2025 un plan de sauvetage pour l’acier et l’aluminium européens. Ce programme inclut des mesures protectionnistes, des financements publics et une refonte réglementaire afin de garantir la survie de ces secteurs très importants.
Acier : Bruxelles serre la vis aux importations

Un secteur en détresse : Bruxelles contre-attaque
L’Europe ne produit plus que 7 à 8 % de l’acier mondial et 3,8 % de l’aluminium primaire. En parallèle, les importations en provenance de pays à bas coûts explosent, fragilisant un peu plus les acteurs européens. L’échec des taxes de 25 % imposées en 2018 sur les importations d’acier a conduit Bruxelles à durcir son arsenal.
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Nouvelle enquête sur l’aluminium : Face à une explosion des importations depuis l’imposition des droits de douane américains, la Commission européenne s’apprête à ouvrir une enquête approfondie. Objectif ? Limiter l’entrée de métaux étrangers et éviter une hémorragie industrielle.
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Réduction des importations d’acier : Dès le 1er avril 2025, Bruxelles va réduire jusqu’à 15 % les quotas d’importation d’acier. Une nouvelle clause de sauvegarde encore plus stricte sera présentée au troisième trimestre 2025, avant l’expiration des mesures actuelles en 2026.
L’énergie représente un poids considérable dans les coûts de production : 17 % pour l’acier, 40 % pour l’aluminium, et jusqu’à 80 % en période de crise. L’explosion des prix a asphyxié la sidérurgie européenne, rendant certains sites non rentables. Pour y remédier, Bruxelles mise sur les contrats d’achat d’électricité long terme (PPAs), permettant aux industriels d’accéder à une électricité plus stable et moins chère.
Par ailleurs, le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) va être renforcé pour éviter le contournement des taxes carbone par certains producteurs étrangers qui modifient légèrement leurs produits en Europe avant de les revendre.
Vers un "Made in Europe" plus attractif ?
Bruxelles souhaite aussi stimuler la demande pour l’acier européen avec plusieurs mesures :
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Incitations pour l’acier bas carbone : Un label "Made in Europe" sera introduit pour privilégier l’acier propre et recyclé dans les marchés publics.
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Quota obligatoire d’acier recyclé : L’UE envisage d’imposer l’utilisation d’acier recyclé dans certains produits afin de renforcer l’autonomie du marché et réduire la dépendance aux importations.
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Soutien financier massif : La Banque européenne de l’hydrogène investira 150 millions d’euros en 2026 et 2027 pour développer une sidérurgie plus verte.
Avec ces annonces, Bruxelles espère redonner un souffle à une industrie menacée d’extinction. Pourtant, ces nouvelles restrictions suffiront-elles à protéger les sidérurgistes européens ?
L’Union européenne joue son avenir industriel et veut prouver qu’elle ne sera ni un spectateur ni un terrain de jeu pour la sidérurgie mondiale, selon les mots de Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne. Reste à voir si ces mesures auront l’effet escompté ou si elles seront une rustine de plus sur un modèle à bout de souffle.