Retraites complémentaires : « Touche pas au grisbi » disent les syndicats !

Le gouvernement ne veut pas lâcher l’affaire : mauvais joueur, il persiste à vouloir braquer les caisses complémentaires de l’Agirc-Arrco, malgré l’opinion qui lui est largement défavorable.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 12 octobre 2023 à 21h15
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Retraites complémentaires : « Touche pas au grisbi » disent les syndicats ! - © Economie Matin
1 à 3 milliards d'eurosLe gouvernement veut ponctionner 1 à 3 milliards d'euros sur les caisses de l'Agirc-Arrco par an

Retraites complémentaires : le bras de fer entre le gouvernement et l'Agirc-Arrco

L'échec manifeste du gouvernement dans sa tentative d'accéder aux caisses de l’Agirc-Arrco ne passe pas inaperçu. Malgré cela, l'exécutif semble résolu à semer la discorde. La réaction des membres du gouvernement suite à l'accord conclu le mercredi 11 octobre 2023 entre les syndicats et le patronat autour de l'Agirc-Arrco révèle combien l'exécutif comptait sur le soutien des partenaires sociaux.

Il envisageait de braquer - il n'y a pas d'autre mot - annuellement entre 1 et 3 milliards d'euros des caisses des retraites du privé, pour combler le déficit du régime général des petites retraites. Un déficit, nous le rappelons, dont le gouvernement est à l'origine, puisque ce dernier provient en grande partie de la réforme des retraites. Cependant, la majorité de l'opinion publique, des responsables politiques et des partenaires sociaux ont fait front commun avec l'Agirc-Arrco. Un principe pourtant simple : on ne touche pas aux pensions de retraite de ceux qui ont cotisé toute leur vie pour les obtenir. Olivier Véran, l'a d'ailleurs reconnu : « Il y a du paritarisme dans notre pays et c'est très bien. » (Oui, c'est juste, alors pourquoi vouloir porter atteinte à celui-ci, monsieur Véran ?)

L'Agirc-Arrco déjoue les plans du gouvernement

Suite à un Conseil des ministres du mercredi 11 octobre 2023, Olivier Véran n'a pas mâché ses mots vis-à-vis du front commun des partenaires sociaux qui, selon lui, a fait un choix, « non pas pour réduire les déficits ou pour équilibrer les régimes, mais pour dépenser davantage d'argent pour augmenter le niveau des retraites complémentaires des cadres. Pis encore et sans aucun scrupule, le porte-parole du gouvernement va jusqu'à rejeter la responsabilité du déficit du régime général pour les petites pensions et....le manque de moyens des services publics (!) sur les partenaires sociaux : « il faut trouver un milliard d'économies dans le budget pour compenser le choix des partenaires sociaux (...) notre objectif est d'identifier les solutions pour que cette nouvelle dépense d'1 milliard d'euros pour les retraites complémentaires des cadres ne pénalise pas le financement de nos écoles, hôpitaux et services publics. Vous avez constaté le faible soutien des partenaires sociaux lors de la nécessaire réforme des retraites pour équilibrer les régimes. » C'est l'hôpital qui se moque de la charité ! La stratégie du gouvernement de jouer sur la corde sensible, notamment en opposant – comme le suggèrent les propos d'Olivier Véran – riches contre pauvres / public contre privé, ne prend pas.

En revalorisant les pensions de retraite du secteur privé - cadres et salariés (chose que semble oublier Olivier Véran) - à 4,9 %, soit juste au-dessus de l'inflation (4,8 %), et en supprimant le malus (qui réduisait de 10 % les pensions de retraite dans le cas où une personne refusait de reporter son départ à la retraite d'un an), l'Agirc-Arrco coupe l'herbe sous le pied du gouvernement. En réponse, le gouvernement n'exclut pas de sortir sa carte joker pour faire passer en force son hold-up inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) : le 49.3. Cependant, en agissant ainsi, au vu du soutien de l'opinion public, des partenaires sociaux et de l'opposition au sein de l'Assemblée nationale, il est fort probable qu'une motion de censure soit déposée à son encontre, mais cette fois-ci, il est bien possible - pour une fois - qu'elle finisse par être adoptée. Comme l'a déclaré Patrick Martin, président du Medef : « Les patrons ont joué le jeu (...) l'État va devoir chercher des économies ailleurs ». Autrement dit, « touche pas au grisbi » !

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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