Boeing en crise : 17.000 emplois supprimés

L’avionneur américain Boeing annonce une vague massive de licenciements ainsi que le report de la livraison de son nouvel avion 777X. Cette décision s’inscrit dans un contexte de grève prolongée qui affecte la production de l’entreprise et fait peser des risques financiers considérables sur l’avenir du constructeur.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 14 octobre 2024 à 14h00
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Virginia, USA - 2024 may 15: The Boeing company logo shown in screen. Aerospace company. High quality photo - © Economie Matin
170.000Boeing compte 170.000 employés dans le monde.

Boeing, géant mondial de l’aéronautique, se prépare à une restructuration de grande ampleur. L’entreprise a annoncé la suppression de 17.000 emplois, soit environ 10 % de ses effectifs globaux, touchant aussi bien les employés que les cadres.

17.000 suppressions de postes et une situation financière critique pour Boeing

Cette décision, annoncée par le directeur général Robert Kelly Ortberg, survient dans un contexte financier difficile marqué par une grève de plus de 30.000 travailleurs sur la côte ouest des États-Unis. Ces employés, en grève depuis septembre pour des revendications salariales, bloquent la production de plusieurs modèles phares de Boeing, dont les 737 MAX, 767 et 777.

Dans un message adressé aux salariés, Robert Kelly Ortberg a justifié cette réduction drastique de personnel en évoquant la nécessité « d’aligner [les] effectifs sur les réalités financières ». La grève, en plus de paralyser la production, engendre d’importantes pertes financières pour Boeing, qui anticipe une baisse de son chiffre d’affaires et une perte opérationnelle de 1,3 milliard de dollars au troisième trimestre. L’entreprise, qui doit présenter ses résultats financiers le 23 octobre, prévoit désormais un chiffre d’affaires de 17,8 milliards de dollars et une perte par action de 9,97 dollars.

Autre annonce majeure de Boeing : le report de la première livraison du 777X à 2026, soit un an plus tard que prévu. Le programme de développement de ce nouvel appareil rencontre de nombreuses difficultés, aggravées par la grève et des retards liés à la certification de l’avion. Ce retard impacte directement les clients de Boeing, qui doivent revoir leurs plannings de livraison.

En parallèle, Boeing a révélé des charges de 5 milliards de dollars liées à ses activités de défense ainsi qu’à deux de ses programmes d’avions commerciaux. Pour le constructeur, cette situation pourrait se traduire par un recours massif au financement, notamment à travers des émissions d'actions ou de titres obligataires. La dette de l’entreprise, qui s’élève à environ 60 milliards de dollars, pourrait en effet nécessiter une levée de fonds de 10 à 15 milliards de dollars pour maintenir sa note de crédit actuelle, à un cran du niveau « junk » (risqué).

Retard du 777X et charges colossales

En plus des tensions internes, Boeing doit faire face à des relations conflictuelles avec le syndicat des machinistes, l’International Association of Machinists (IAM), qui mène la grève. L’entreprise a déposé une plainte auprès du National Labor Relations Board, accusant le syndicat de pratiques déloyales dans les négociations. L’IAM a vivement réagi en dénonçant les manœuvres de Boeing, qu’elle accuse de vouloir détourner l’attention de ses propres difficultés à conclure un accord.

Le syndicat a par ailleurs qualifié de « troublante » l’annonce par Boeing de l'arrêt de son programme de transport de fret 767 en 2027. Cette décision, qui s’ajoute à la réduction des effectifs, pourrait affecter encore davantage les employés de la branche commerciale.

Enfin, Boeing doit composer avec une pression accrue des régulateurs. Vendredi, un organisme national de surveillance a critiqué l’administration fédérale de l’aviation (FAA), jugeant qu’elle n’était pas « efficace » dans sa supervision de la production de Boeing, un coup dur supplémentaire pour l’entreprise dont l'image souffre encore des défaillances de sécurité mises en lumière ces dernières années, notamment après l’accident d’un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines en janvier dernier.

Malgré ces turbulences, Robert Kelly Ortberg s’efforce de maintenir un discours optimiste. « Bien que notre entreprise soit confrontée à des défis à court terme, nous prenons des décisions stratégiques importantes pour notre avenir », a-t-il affirmé. Boeing reste engagé dans des projets d'envergure, comme la poursuite de la production du ravitailleur militaire KC-46A, malgré l'arrêt du programme de fret 767. Le constructeur espère ainsi restaurer progressivement sa situation financière et sa crédibilité sur la scène internationale de l’aéronautique.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

1 commentaire on «Boeing en crise : 17.000 emplois supprimés»

  • Yves

    Les États-Unis ont la réputation de pressurisé ses salariés qui ne voient jamais leur bien être à long terme s’améliorer durablement pour leur retraite qui ne semble pas exister. La fatigue , la perte de confiance et l’entreprise perd énormément de valeur ajoutée

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