Déploiement de la fibre optique : l’impossible objectif de 2025

Le déploiement de la fibre optique en France est un enjeu majeur pour garantir une connectivité optimale à l’ensemble de la population. Cependant, malgré les efforts déployés, l’objectif fixé par le gouvernement pour 2025 semble de plus en plus difficile à atteindre. Entre les retards, les zones d’ombre et les responsabilités partagées, faisons le point de la situation.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 12 septembre 2023 à 8h30
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Déploiement de la fibre optique : l’impossible objectif de 2025 - © Economie Matin

Les chiffres clés du déploiement de la fibre

D'après le bilan du régulateur des Télécoms Arcep, au 30 juin 2023, sur les « 43,8 millions de locaux recensés à ce jour par les opérateurs sur le territoire national, 36,2 millions sont raccordables en fibre optique : la couverture a progressé de près de 2 points ce trimestre et atteint 83%. 38,3 millions de locaux sont couverts par des services à très haut débit sur réseaux filaires, soit une croissance de 3,2 millions sur l'année ». Mais pour l'Arcep, nous avons déjà pris trop de retard dans le déploiement de la fibre sur l'Hexagone. L'organisme en conclut l'impossibilité de tenir l'objectif de 2025 fixé par le gouvernement. Ce constat est partagé par l'observatoire des zonages de l'aménagement numérique du territoire Avicca (Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l'Audiovisuel).

Les deux organismes remettent en cause l'objectif du gouvernement qui est de proposer une connexion FttH à 100% de la France d'ici 2025. En effet, sur les 106 communes de la zone très dense, seulement 50 000 locaux ont été rendus raccordables au deuxième trimestre 2023.

L'Avicca et l’Arcep pointent du doigt les opérateurs privés

Pour l'Avicca et l'Arcep, la responsabilité du ralentissement du déploiement de la fibre sur le territoire français revient aux opérateurs nationaux : Orange, SFR, Bouygues, Free. Avicca évoque un désintérêt pour les zones très denses. L'organisme critique la volonté d'Orange de fermer le réseau cuivre sans accélérer le déploiement de la fibre. Au cours du second trimestre 2023, le déploiement du réseau FttH en France a permis de raccorder 870 000 locaux supplémentaires (- 20% par rapport à la même période sur l'année précédente). Parmi eux, 600 000 de ces locaux se trouvent dans des zones moins denses.

Le rythme de déploiement dans ces zones moins denses géré par les acteurs privés inquiète particulièrement l'Arcep et l'Avicca. En effet, au cours du trimestre 2023, selon le bilan de l’Arcep, seulement 130 000 locaux ont été rendus raccordables (soit près de moitié moins par rapport à la même période en 2022). Dans les zones très denses, le rythme de déploiement est également très insuffisant, avec moins de 50 000 locaux raccordés. Malgré ces défis, l'adoption de la fibre optique et du très haut débit continue de progresser en France. Nous passerons bientôt le cap des 20 millions d'abonnements en fibre optique.

Zone AMII vs Zone AMEL : où en sommes-nous ?

Le déploiement en zone AMII (Appel à Manifestation d'Intention d'Investissement) connaît également des retards. L'Avicca prévoit une fin des déploiements FttH en 2028 pour cette zone. En revanche, les zone AMEL (Appel à Manifestation d'Engagements Locaux) montre une légère accélération, mais celle-ci reste bien insuffisante…

De son côté, la Commission européenne a apporté son soutien aux opérateurs privés. Cette dernière vient de publier son projet de règlement visant à réduire le coût de déploiement des réseaux FttH et 5G. Le principe de ce projet : les opérateurs se chargent du gros pour alléger les collectivités.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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