Mauvaise nouvelle pour les automobilistes : le gouvernement et le concessionnaire autoroutier Vinci se prennent le chou. La raison ? Une nouvelle taxe que le premier veut imposer au second. Et le second de répondre : si tel est le cas, ce seront les automobilistes, donc les Français, qui vont payer ! Les Français vont-ils subir encore une forte hausse du prix des péages autoroutiers en 2024 ?
Autoroutes : Vinci menace d’augmenter les péages de 5%
Une nouvelle taxe sur les autoroutes qui ne plaît pas à Vinci
Le gouvernement, dans sa loi de Finances 2024, a prévu une nouvelle taxe que devront payer les concessionnaires autoroutiers et d’autres entreprises. Vinci serait imposé à hauteur de 4,6% de son chiffre d’affaires, selon les premières estimations du groupe. Et, sans surprise, ça ne lui plaît guère. Et ce même s’il s’agit d’une taxe pour financer une partie de la transition écologique.
Pour essayer de faire plier le gouvernement, Vinci lance donc une menace. Si la taxe est définitivement adoptée, elle sera payée par les automobilistes. Le groupe qui gère une bonne partie du réseau autoroutier français annonce en effet qu’il pourrait augmenter le tarif des péages de 5% dès le 1er février 2024, date de la prochaine augmentation des prix.
« C'est inévitablement moins d'investissement au moment où il y a besoin d'en faire beaucoup et c'est inévitablement aussi une hausse de tarifs que nous évaluons aujourd'hui de l'ordre de 5% compte tenu d'une taxe de 4,6% sur le chiffre d'affaires des autoroutes », a déclaré le 13 novembre 2023 Pierre Coppey, directeur général adjoint de Vinci.
Autoroutes : un plan de décarbonation mis à mal à cause d’une taxe gouvernementale ?
Alors que Vinci propose un cofinancement d'un plan de décarbonation des autoroutes, la menace d’une augmentation du prix des péages risque d’attirer les foudres des automobilistes qui subissent déjà la hausse des prix du pétrole et du carburant, et se rappellent très bien que les concessions autoroutières avaient été épinglées comme trop rentables.
Mais Vinci, pour justifier cette possible future augmentation des prix de 2024, met en avant la nécessité d'investir dans des infrastructures plus vertes, comme l'augmentation des bornes de recharge électrique et le développement de parcs photovoltaïques. Le projet inclut la multiplication des points de recharge électrique, avec un objectif de 25 000 bornes d'ici 2035, nécessitant un investissement de 5 milliards d'euros, et la création de près de 200 parcs photovoltaïques le long des autoroutes.
« Quand on augmente les taxes, on a mécaniquement une hausse des tarifs », explique Pierre Coppey. Ce qui n’est pas forcément vrai… à moins que l’entreprise ne veuille faire payer la hausse de ses taxes à ses clients.
Vinci : menace de plaintes contre une taxe pour le futur
Le concessionnaire va plus loin. Alors que la taxe devrait rapporter 600 millions d’euros par an en tout, selon les concessionnaires autoroutiers, à comparer aux 2,2 milliards d’euros de bénéfices net qu’ont rapporté les autoroutes au seul concessionnaire Vinci (la moitié de son bénéfice annuel de l’année), le groupe menace de saisir la justice pour la faire annuler. Ou pour forcer le gouvernement à valider les hausses de tarifs annoncées. « C'est donc une mauvaise idée que nous contestons et que nous contesterons par tous les moyens si le gouvernement n'y renonce pas ou si le Parlement persiste à voter ce projet », a déclaré Pierre Coppey. « Cela va se jouer sur le terrain de la justice administrative, de la justice constitutionnelle et le cas échéant de la justice européenne, mais peut-être trouvera-t-on une solution avant ».
Hausse des prix des péages, justice… Vinci l’a bien fait comprendre : le groupe ne veut pas payer cette taxe malgré un bénéfice net qui a explosé (+64%) entre 2021 et 2022. Les concessionnaires autoroutiers ont touché, selon l’Autorité de régulation des transports (ART), un bénéfice net de 3,9 milliards d’euros pour les seules autoroutes en 2021, en hausse de 11% par rapport à 2019 et la période pré-pandémie.