Transition énergétique : Von der Leyen réélue, l’interdiction des voitures thermiques aura-t-elle lieu ?

Ursula von der Leyen s’est présentée pour un nouveau mandat à la tête du Parlement européen. Mission accomplie. Elle a été réélue haut la main par les eurodéputés jeudi 18 juillet 2024. La date butoir de l’interdiction des voitures thermiques neuves en 2035 est maintenue, au grand dam des automobilistes et de la plupart des constructeurs automobiles. Celle-ci a néanmoins été assouplie via l’autorisation des carburants alternatifs, les e-fuels.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 19 juillet 2024 à 21h41
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Transition énergétique : Von der Leyen réélue, l’interdiction des voitures thermiques aura-t-elle lieu ? - © Economie Matin
6 euros le litreLe prix d'un litre de carburant alternatif, les e-fuels, peut atteindre 6 euros.

Ursula Von Der Leyen maintient l'interdiction des voitures thermiques neuves en 2035

Des tambouilles, toujours des petites tambouilles. La stratégie d'Ursula von der Leyen a porté ses fruits. Cette dernière a été reconduite pour un mandat de cinq ans à la tête du Parlement européen en récoltant 401 voix sur les 360 nécessaires pour obtenir la majorité absolue, surpassant ainsi son score de 2019. En regardant un peu plus dans le détail du vote : 284 voix lui ont été défavorables, 15 eurodéputés se sont abstenus, et 7 bulletins nuls ont été enregistrés.

Malgré des défections notables dans son propre camp (le Parti Populaire Européen (PPE)), la présidente de la Commission doit en grande partie sa réélection au soutien des Verts, 45 eurodéputés sur 53 d'entre eux ayant voté en sa faveur. Ursula von der Leyen a réussi à les convaincre de la reconduire en leur promettant de maintenir l'interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035. Pour les autres, plus rétifs à cette directive votée en 2023, elle leur a promis un assouplissement de cette interdiction au travers de la mise en avant des carburants synthétiques, les e-fuels.

Les e-fuels, une fausse bonne idée ?

Voyant le marché des voitures électriques en recul depuis plusieurs mois, en particulier en Allemagne, les carburants de synthèse, ou e-fuels, sont présentés comme le nouveau sacro-saint face aux carburants fossiles traditionnels (essence et diesel). Produits à partir de CO2 capté dans l'atmosphère et d'hydrogène, ces derniers seraient en effet, dans le principe, neutres en carbone. Petit hic : leur coût de production et de vente est extrêmement élevé. Il peut atteindre 6 euros le litre (hors taxes), comme le précise Pascal Canfin, ex-président de la commission environnement du Parlement européen, auprès des Echos, ce qui les rend de facto très peu compétitifs, aussi bien du point de vue des consommateurs que des constructeurs automobiles.

En raison des investissements colossaux que les e-fuels demandent de la part des constructeurs automobiles, ces coûts se répercuteront in fine sur le prix de vente de ce type de véhicule. Leur adoption à grande échelle apparaît peu probable, puisqu'elle serait vraisemblablement limitée à un marché de niche : celui du luxe. Déconnecté de la réalité, l'objectif vers lequel tend l'Union européenne paraît bien intenable. À noter par ailleurs que les constructeurs automobiles qui n'auront pas réduit de 15 % les émissions de carbone de leurs nouveaux véhicules seront soumis à des sanctions financières à partir du 1ᵉʳ janvier 2025. Mais qu'importe après tout, ce qui compte pour Ursula von der Leyen, c'est d'avoir été reconduite pour un nouveau mandat de cinq ans...

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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