Carlos Tavares, le dirigeant du groupe Stellantis, a mis en garde contre l’impact croissant des constructeurs automobiles chinois en Europe. Face à leur expansion, notamment dans le domaine des véhicules électriques, il craint des fermetures d’usines en Europe.
Automobile : des fermetures d’usines sont possibles, prévient Carlos Tavares
Lors du 90e salon de l'automobile, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, a exprimé ses préoccupations quant à l'expansion des constructeurs chinois sur le marché européen. Ces derniers, déjà très présents dans le secteur des véhicules électriques, cherchent à s’implanter davantage en Europe en contournant les taxes à l’importation par l’ouverture de sites de production sur le sol européen.
L’offensive chinoise inquiète l’industrie automobile européenne
« Fermer les frontières aux produits chinois est un piège », a-t-il déclaré au quotidien Les Échos. Selon lui, ces constructeurs évitent les barrières commerciales en investissant dans des usines locales, bénéficiant souvent d’aides publiques dans les pays à faibles coûts de production.
Le gouvernement européen a récemment introduit une taxe pouvant atteindre 45 % sur les véhicules électriques importés de Chine, en vigueur dès la fin octobre. Cette taxe pourrait inciter des marques comme BYD à intensifier leurs projets de construction de sites en Europe, leur permettant ainsi de contourner ces mesures fiscales. Pour Stellantis, cela pourrait signifier des ajustements sévères.
« Si les Chinois prennent 10 % de parts de marché en Europe, cela représente 1,5 million de voitures, soit sept usines d'assemblage », a estimé Carlos Tavares. Les constructeurs européens pourraient alors être contraints de fermer ces usines ou de les céder aux entreprises chinoises.
Cette inquiétude est partagée par d'autres acteurs du secteur. Volkswagen, par exemple, a déjà évoqué la possible fermeture de sites en Allemagne, tandis que Carlos Tavares prévient que Stellantis ne sacrifiera pas ses performances économiques face à la concurrence chinoise.
Réorganisation stratégique pour Stellantis
Le dirigeant du groupe franco-américain a également abordé les récentes difficultés économiques du groupe en Amérique du Nord et en Europe. Face à ces défis, il a pris des décisions stratégiques en réorganisant son équipe de direction, notamment avec le remplacement de sa directrice financière. En parallèle, Stellantis a revu à la baisse ses objectifs de marge pour 2024, après avoir maintenu des niveaux de marges élevés (supérieurs à 10 %) depuis la création du groupe en 2021.
Carlos Tavares, dont le départ à la retraite est prévu pour janvier 2026, a affirmé que le soutien du conseil d’administration, présidé par John Elkann, permettrait au groupe de rester concentré sur ses objectifs jusqu'à la fin de son mandat. « Le soutien unanime du board et de John Elkann permet à tout le monde de retrouver sa concentration pour travailler sereinement jusqu’au terme de mon contrat début 2026 », a-t-il déclaré.
Cependant, il a également souligné que si les conditions économiques rendaient l'atteinte de certains objectifs irréalisable, il ne s’obstinerait pas : « Si le contexte rend l'atteinte de cet objectif complètement stupide, nous n'allons pas nous y accrocher à tout prix. Nous ne sommes pas fous », a-t-il ajouté.
Tavares continue par ailleurs de s'opposer à un report des nouvelles normes européennes sur les émissions de gaz à effet de serre. Selon lui, le débat autour de l’électrification du parc automobile s'est politisé, avec des divergences entre l'Union européenne et certains de ses membres, notamment l'Italie.