De plus en plus de constructeurs, ces dernières années, ont essayé d’éliminer le plus de boutons physiques possibles. Tout passe par l’écran tactile, y compris pour des fonctionnalités loin d’être anodines ou peu utilisées. Une tendance qui inquiète l’organisme européen d’évaluation de la sécurité routière, l’Euro NCAP, qui a décidé de serrer la vis sur le sujet.
Automobile : le « tout tactile » sanctionné par l’Euro NCAP
Tout tactile : des fonctionnalités fondamentales difficilement accessibles
Le "tout tactile" dans les habitacles des voitures modernes est à la mode… ou plutôt l’était. Peugeot, sur sa e-208 électrique, par exemple, a éliminé le bouton pour régler la température du chauffage, ne laissant qu’un bouton pour l’allumage. Pour avoir plus chaud ou plus froid, c’est sur l’écran tactile qu’il faut changer. Et que dire de Tesla qui n’a aucun bouton ?
L'organisme européen d'évaluation de la sécurité des voitures neuves, Euro NCAP (European New Car Assessment Programme), prévoit donc de changer ses critères d'évaluation à partir de 2026. Les voitures qui négligent les commandes physiques au profit d'écrans tactiles pour des fonctions essentielles verront leur notation en sécurité affectée. Car devoir naviguer sur des menus plutôt qu’utiliser de simples boutons réduit l’attention du conducteur… et est donc un danger pour la sécurité routière.
Le tout tactile n’est pas bon pour la sécurité routière
Euro NCAP a annoncé le 4 mars 2024 que les véhicules devraient réintégrer des boutons physiques pour certaines fonctions critiques pour obtenir un score de sécurité optimal. Objectif : limiter le temps pendant lequel les conducteurs détournent leur regard de la route pour manipuler des commandes tactiles, souvent jugées peu intuitives et distrayantes. C’est la même logique qui interdit le téléphone au volant : regarder un écran au lieu de regarder la route augmente fortement le risque d’accident.
Les études et les retours d'utilisateurs mettent en évidence les risques liés à l'usage excessif des écrans tactiles dans les voitures. En obligeant les conducteurs à quitter la route des yeux pour activer des fonctions comme les clignotants, les feux de détresse, les essuie-glaces ou encore le klaxon, ces interfaces augmentent le risque d'accidents. La décision d'Euro NCAP de modifier ses critères de notation pour encourager l'utilisation de commandes physiques séparées pour les fonctions essentielles s'aligne sur une démarche visant à promouvoir une conduite plus sûre et moins distraite.
La note à l’Euro NCAP influence les ventes
Cette évolution des critères d'Euro NCAP représente un défi pour les constructeurs, notamment pour des marques comme Tesla, pionnière de l'approche minimaliste en matière d'intérieur automobile, qui a largement contribué à populariser les commandes tactiles. La pression exercée par Euro NCAP, bien que non réglementaire, est suffisamment forte pour inciter les constructeurs à repenser leurs designs intérieurs. Un bon score à l’Euro NCAP est, pour le conducteur et donc pour l’acheteur de la voiture, une garantie d’un véhicule sûr. Le score influence de fait les ventes, en particulier pour les automobilistes les plus regardants sur leur sécurité et celle de leurs passagers.
Reste que la décision de l’Euro NCAP ne fera qu’accélérer une fin déjà annoncée du tout tactile. De plus en plus de constructeurs commencent déjà à faire machine arrière sur le "tout tactile", réintégrant des boutons physiques pour certaines commandes. C’est le cas notamment de la R5 électrique de Renault, dévoilée fin février 2024 et qui pourrait être un carton de ventes.