Autolib’ : après l’échec, Bolloré ne touchera pas un rond

Le tribunal administratif de Paris a rendu sa décision, mardi 12 décembre 2023 : le groupe Bolloré, concessionnaire du service Autolib’, ne sera pas indemnisé suite à la résiliation du contrat d’Autolib’.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 13 décembre 2023 à 10h48
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Autolib’ : après l’échec, Bolloré ne touchera pas un rond - © Economie Matin
235 millions d'eurosBolloré avait demandé 235 millions d'euros aux communes utilisatrices suite à l'échec de son service d'autopartage, Autolib'.

Autolib': un projet ambitieux confronté à la réalité

Lancé en 2011, Autolib', sous l'égide de Bertrand Delanoë, maire de Paris de l'époque, promettait de révolutionner le transport urbain en proposant l'autopartage. Avec un objectif de bénéfice de plus de 50 millions d'euros, le service d'autopartage semblait prometteur. Cependant, malgré un succès initial et 150 000 abonnés, les déficits se sont rapidement accumulés, conduisant à une résiliation du contrat en 2018.

Cette résiliation a été un tournant. Le groupe Bolloré a réclamé 235 millions d'euros au Syndicat Autolib' Vélib', arguant que cette somme couvrait le déficit accumulé depuis 2011 et les coûts de la résiliation anticipée. Dès lors, ledit syndicat et les 103 communes utilisatrices avaient refusé de payer l'indemnisation, menant à une bataille juridique.

Pas d'indemnisation pour Bolloré

Le tribunal administratif de Paris a rendu son verdict le 12 décembre 2023, rejetant la requête de Bolloré. La décision souligne que les clauses d'indemnisation prévues dans le contrat étaient en contradiction avec les règles applicables à une délégation de service public, où le risque financier doit être supporté par le concessionnaire. Ainsi, la convention a été jugée nulle « dans son ensemble ».

Cette décision est un coup dur pour le groupe Bolloré, qui avait misé gros sur ce projet. La Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France avait déjà critiqué la société Autolib', l'accusant d'avoir basé son plan d'affaires sur des hypothèses irréalistes et de ne pas avoir actualisé ses prévisions face aux difficultés croissantes.

Autolib', des défis multiples et une fin controversée

Autolib' a fait face à de nombreux défis. La concurrence accrue d'autres modes de transport urbain, comme les VTC et les scooters électriques, a érodé sa part de marché. De plus, la dégradation des véhicules et la hausse des plaintes des clients ont terni l'image du service.

En 2016, une augmentation des tarifs, passant à 5-6 euros pour 30 minutes de conduite, plus un abonnement annuel de 120 euros, a été une tentative maladroite de redresser la barre financière, mais elle a plutôt entraîné une baisse de l'utilisation.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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