Alors que le Budget n’a toujours pas été voté pour 2025, les entreprises ajustent leurs enveloppes salariales, impactant directement le pouvoir d’achat des salariés. Entre craintes de récession et ajustements fiscaux non planifiés, les négociations salariales de cette année s’annoncent particulièrement tendues.
Augmentation de salaire : l’aurez-vous en 2025 ?
Les employeurs préfèrent réduire les augmentations de salaire
Les entreprises françaises se trouvent actuellement dans une situation précaire, sans réelle visibilité sur le plan fiscal en raison de l'absence de budget défini par le gouvernement pour l'année prochaine. Les entreprises ont donc préféré rester prudentes concernant les augmentations salariales. « Faute de budget, elles ne savent pas à quelle sauce fiscale elles vont être mangées. Elles ne savent pas non plus à quel point tout cela va peser sur leur activité », indique un expert cité par BFMTV.
Selon les dernières analyses d'Alixio, l'augmentation moyenne des salaires serait de seulement 2,4% en 2025, une baisse importante par rapport aux prévisions (+2,7%). Les experts économiques partagent un consensus sur l'impact direct de l'instabilité politique sur l'économie. Sans cadre budgétaire clair, les entreprises ne peuvent anticiper les charges fiscales futures, ce qui les amène à revoir à la baisse les augmentations salariales, initialement plus optimistes.
Des avantages proposés aux salariés en contrepartie
Devant cette incertitude, certaines entreprises tentent de trouver des solutions alternatives pour maintenir l'équilibre interne. Des compensations non monétaires, telles que la mutuelle, les rachats RTT ou des offres de transport, sont envisagées pour pallier la stagnation des salaires.
Sophie Lazaro, de chez Deloitte, souligne que ces mesures étaient déjà fréquemment utilisées lors des pics d'inflation des années précédentes, limitant leur efficacité actuelle. Ces ajustements sont cependant insuffisants pour apaiser les tensions qui montent. Les premières négociations de cette année montrent déjà des signes de frictions plus intenses que d'habitude, notamment avec des échecs de taille dans des grandes entreprises comme la Société Générale, où les discussions salariales ont été particulièrement houleuses.
Des relations de plus en plus conflictuelles avec les syndicats
Le climat social en entreprise se détériore, avec des prévisions peu encourageantes pour l'avenir. D'après une récente enquête d'Alixio, près de la moitié des entreprises anticipent des relations plus conflictuelles avec les syndicats, un net contraste avec l'année précédente où seulement 15% d'entre elles faisaient état de conflits sociaux importants.
Les entreprises, telles que DHL et Heineken France, sont déjà confrontées à des mouvements de grève et des blocages, signes précurseurs de ce que pourrait être une année tumultueuse. Le 9 décembre, à Mons-en-Baroeul, non loin de Lille, plus de cent employés de la brasserie Heineken ont entamé une grève. Rassemblés à l'entrée de l'établissement, ils ont répondu à l'invitation des syndicats CGT et CFDT, exigeant des augmentations salariales lors des négociations annuelles. Ces tensions croissantes sont le signe de négociations en cours plus complexes. Les mois à venir s’annoncent donc difficiles dans la gestion des relations humaines en entreprise.