L’industrie automobile allemande tremble. Audi, fleuron du groupe Volkswagen, vient d’annoncer un plan de suppressions de milliers d’emplois en Allemagne d’ici 2029. Officiellement, il s’agit de renforcer la compétitivité de la marque face à un marché en pleine mutation. Officieusement, c’est une manœuvre désespérée pour tenter de freiner une descente aux enfers amorcée depuis plusieurs années. Alors, restructuration stratégique ou début d’un lent naufrage ?
Audi supprime 7 500 emplois : un séisme pour l’industrie allemande

Le 17 mars 2025, Audi a officialisé la suppression de 13,5 % de ses effectifs nationaux. Une annonce qui fait l’effet d’un séisme dans un secteur déjà fragilisé par des ventes en berne et une concurrence chinoise impitoyable. Le PDG du constructeur, Gernot Döllner, a tenté de rassurer en assurant que les départs se feraient de manière "socialement acceptable". Comprendre : pas de licenciements secs, mais des départs volontaires et des retraites anticipées. En contrepartie, Audi prolonge la garantie de l’emploi jusqu’en 2033. Un bel effort, mais qui peine à masquer l’essentiel : la marque aux quatre anneaux est en perte de vitesse.
Audi en difficulté sur la voiture électrique
Le marché de l’électrique, qui devait être l’eldorado des constructeurs européens, se transforme en un champ de mines. En 2024, Audi a enregistré une chute de 8 % des ventes de ses modèles 100 % électriques. En Chine, qui représente près de 40 % de ses livraisons, la marque a dévissé de 11 %. Une dégringolade qui s’explique par la montée en puissance des fabricants chinois comme BYD, Nio et XPeng, capables de proposer des véhicules à la fois moins chers et technologiquement plus avancés. Face à cette situation, Audi n’a d’autre choix que de réduire ses coûts et de repenser son organisation interne.
L’un des choix stratégiques de la marque consiste à investir huit milliards d’euros dans ses sites d’Ingolstadt et de Neckarsulm pour accélérer la transition vers l’électrique. Mais cette initiative suffira-t-elle à inverser la tendance ? Rien n’est moins sûr. D’autant que dans le même temps, Audi ferme son usine de Bruxelles, mettant ainsi sur le carreau 3 000 employés supplémentaires. Un signal inquiétant qui témoigne des difficultés du groupe à maintenir ses sites européens à flot.
"Les négociations ont été dures, mais toujours basées sur des faits et orientées vers les solutions. Nous avons dû faire des compromis pour permettre de la flexibilité financière pour des investissements supplémentaires", a déclaré dans un communiqué Jörg Schlagbauer, président du comité d’entreprise.
Toute l’industrie automobile européenne à la peine
Cette restructuration ne concerne pas qu’Audi. Volkswagen, maison-mère du constructeur, prévoit aussi de supprimer 35 000 postes d’ici 2030. Chez Porsche et Cariad, la division logicielle du groupe, les réductions d’effectifs s’accumulent également. Au total, près de 48 000 emplois pourraient disparaître dans les années à venir, faisant de cette crise l’une des plus violentes de l’histoire de l’industrie automobile allemande.
Pendant ce temps, les constructeurs chinois continuent leur irrésistible ascension. Et l’Europe, qui pensait avoir une longueur d’avance dans la transition énergétique, se retrouve à la traîne, incapable de rivaliser sur le terrain des coûts de production et de l’innovation. Audi prétend "optimiser sa structure" et "préparer l’avenir", mais la réalité est bien plus brutale : la marque est en train de payer des années d’errements stratégiques, coincée entre un passé glorieux et un futur incertain.