Auchan, distributeur historique du groupe Mulliez, prévoit un vaste plan de restructuration avec la suppression de 2.389 emplois en France, incluant la fermeture de plusieurs magasins. Un choix difficile pour l’enseigne, qui tente de s’adapter à un marché en pleine mutation et à des performances économiques déclinantes.
Auchan va supprimer 2.400 postes et fermer des magasins
Le distributeur Auchan a annoncé un plan social d’ampleur qui pourrait affecter 2.389 emplois en France. Ce projet inclut la fermeture d’une dizaine de points de vente jugés non rentables, dont trois hypermarchés situés à Clermont-Ferrand, Woippy et Bar-le-Duc, et un supermarché à Aurillac. La direction prévoit également de mettre fin à son service de livraison directe à domicile, ce qui entraînerait la suppression de 224 postes.
Un plan de réorganisation aux lourdes conséquences sociales pour Auchan
La réorganisation toucherait également les sièges et les magasins, avec une réduction de 784 postes dans les premiers et 915 dans les seconds. Le groupe a toutefois annoncé des mesures pour limiter les licenciements secs. Elles comprennent des formations de reconversion, des congés de reclassement, ainsi qu’un plan de départs volontaires. Par ailleurs, 114 nouveaux postes seront créés dans le secteur du « drive », tandis que 205 autres seront ouverts dans les fonctions supports.
Guillaume Darrasse, récemment nommé à la tête du groupe, assure que cette réorganisation ne vise pas uniquement à réduire les coûts, mais à repositionner l’enseigne face aux défis du marché. « Ce n’est pas un projet de décroissance que l’on veut gérer, la baisse des coûts est un moyen, pas une finalité », a-t-il déclaré. Malgré cette volonté de repositionnement, l’impact social de ce plan reste conséquent, et la direction s’attend à des réactions de la part des syndicats et des salariés concernés.
Auchan traverse des difficultés économiques qui ne cessent de s’aggraver. En juillet dernier, sa holding Elo Groupe a enregistré une perte nette de près d’un milliard d’euros pour les six premiers mois de 2024. Avec une part de marché de seulement 9,1 % en France, Auchan reste loin derrière ses concurrents, notamment E.Leclerc, Carrefour et Intermarché, qui affichent des parts de marché respectives de 24,1 %, 21,4 % et 17,4 %. Cette situation limite la marge de manœuvre d’Auchan dans les négociations avec les fournisseurs, une contrainte d’autant plus pénalisante en période d’inflation.
Un modèle économique fragilisé et une concurrence féroce
En réponse, le groupe a conclu une alliance d’achat avec Intermarché pour obtenir de meilleures conditions auprès des industriels. Cependant, le défi principal d’Auchan réside dans son modèle basé sur les hypermarchés, un format moins prisé par les consommateurs, qui privilégient les formats plus petits et les magasins de proximité. Alors que la plupart de ses concurrents ont su diversifier leur offre, Auchan reste dépendant de ses 161 hypermarchés, dont la surface dépasse souvent les 15.000 mètres carrés.
Pour remédier à cette situation, le groupe prévoit de réduire la taille de ces points de vente, en ciblant un format de 8.000 mètres carrés, à l’image de son concurrent E.Leclerc. Cette restructuration vise également à réduire les rayons non alimentaires, afin de concentrer l’offre sur les produits alimentaires, segment sur lequel Auchan peine à rivaliser. D’après l’indice Distri Prix des Éditions Dauvers, Auchan affiche des prix 6 % supérieurs à la moyenne du secteur, un écart qui pourrait peser lourdement sur sa compétitivité.
Auchan, autrefois modèle social et fleuron de la grande distribution française, se retrouve aujourd’hui confronté à de lourdes décisions pour garantir sa survie. La restructuration annoncée témoigne d’un besoin urgent de s’adapter à un environnement de plus en plus concurrentiel et à un modèle d’hypermarché en perte de vitesse. Malgré le soutien financier de l’Association familiale Mulliez, l’avenir de l’enseigne dépendra de sa capacité à se repositionner et à reconquérir les consommateurs.