Assurance : revoir la tarification avec les données géospatiales

Sous l’effet du dérèglement climatique, les risques naturels évoluent à la fois en intensité et en fréquence. Ainsi, le coût des catastrophes naturelles a été estimé par France Assureurs à 10 milliards d’euros pour l’année 2022. Au-delà des aspects économiques, la nature même des risques à assurer évolue.

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Par Patrick Soulignac Publié le 6 novembre 2023 à 4h30
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Assurance : revoir la tarification avec les données géospatiales - © Economie Matin
500 MILLIONS €La tempête Ciaran pourrait avoir causé près de 500 millions d'euros de dégpats.

La question est déjà d’actualité pour la sécheresse, avec les conséquences du retrait-gonflement des argiles (RGA), pour lesquelles la nature des sols et le type de construction impactent drastiquement la nature du risque à couvrir pour les biens situés en zone argileuse. Le débat sur l’indemnisation de ces dommages par le fonds catastrophes naturelles a commencé, et il est probable que les normes de construction et plans de prévention des risques évolueront à l’avenir. Autre impact à venir du dérèglement climatique, l’érosion littorale ne fait encore l’objet que d’une prise en compte embryonnaire. Une liste des communes impactées par le recul du trait de côte a été fixée par décret, en concertation avec les communes concernées ; elle ne préjuge pas de l’ampleur des risques de submersion à court ou moyen terme.

Face à ces nouveaux paramètres, il devient nécessaire d’adapter la façon de fixer les tarifications, non plus en fonction de données traditionnelles mais bien en fonction des nouvelles données géospatiales.

La tarification par territoire atteint ses limites

Aujourd’hui, l’évaluation des risques s’appuie fréquemment sur des codes territoriaux (notamment les codes postaux), qui ne reflètent pas la réalité (ni la variété) des situations. Ainsi, les problématiques liées au dérèglement climatique ne correspondent nullement aux délimitations administratives (par communes, codes postaux, départements…).

Tout l’enjeu est donc d’améliorer la qualité de l’évaluation des risques, tant pour la souscription que pour la prévention – et pour cela, de faire appel à des outils de cartographie plus fins.

La technologie satellitaire et les systèmes d’information géographiques (SIG) peuvent fournir des données spécifiques à un lieu, notamment des scores de risque. Ces scores reposent sur des calculs complexes, effectués rapidement avec l'aide de l'intelligence artificielle géospatiale (GeoAI) et fournis en temps réel par des interfaces APIs. Ils permettent de proposer une évaluation géospatiale des risques, bien plus adéquate que la tarification territoriale.

Une nouvelle perspective sur les risques

La tarification géospatiale des risques, réalisée pour chaque adresse individuelle en regroupant les données et l’historique pour un risque donné dans un rayon géographique spécifique, permet aux assureurs de sélectionner les risques avec précision, sans délai, de tarifer les risques à leur juste prix, d’ajuster la tarification à la souscription ou au renouvellement, sans généraliser des hausses de tarifs, de construire des modèles de tarification plus intelligents, et enfin de réduire la sinistralité et d'améliorer les ratios combinés.

Ainsi, cela pourrait permettre à la profession d’interagir avec les pouvoirs publics sur la base des risques afin d’anticiper sur leur prise en charge : passer d’un alignement sur des données administratives, à un éclairage sur l’impact potentiel – y compris à l’échelle d’un territoire, où des mesures de prévention pourraient être mises en œuvre. Par le recours à une analyse géospatiale des risques, les assureurs prennent un rôle proactif tant lors de la souscription qu’en matière de prévention.

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Patrick Soulignac Light (1)

Consultant Solution Principal chez Guidewire Software

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