Arrêt maladie : moins d’indemnités dès le 1er avril, qui va payer la facture ?

L’arrêt maladie est une protection essentielle pour les salariés, mais son indemnisation est sur le point d’être revue à la baisse. À compter du 1ᵉʳ avril 2025, la réforme des indemnités journalières entrera en vigueur. De combien seront-elles réduites ? Quels impacts pour les salariés et les employeurs ? Décryptage.

Par Alix de Bonnières Publié le 22 mars 2025 à 14h00
arrêt maladie
Allez-vous être autant indemnisé après la réforme ? - © Economie Matin

Se retrouver en arrêt maladie est souvent une épreuve, mais jusqu'à présent, les salariés bénéficiaient d'un maintien de revenu assuré par la Sécurité sociale et, dans certains cas, par leur employeur. Cependant, une nouvelle réforme, en vigueur dès le 1ᵉʳ avril 2025, va modifier ces règles en abaissant le plafond d'indemnisation des arrêts de travail. Cette mesure, inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale, a pour but de réaliser des économies importantes.

Arrêt maladie : comment fonctionne l'indemnisation aujourd'hui ?

Qui paie et selon quelles règles ?

Lorsqu'un salarié se trouve en arrêt maladie, l'indemnisation repose sur plusieurs niveaux :

  1. La Sécurité sociale prend en charge 50 % du salaire journalier de base, sous certaines conditions (cotisations suffisantes, délai de carence de 3 jours).
  2. L'employeur peut verser un complément selon la convention collective ou un accord d'entreprise. En général, ce complément permet de garantir 90 % voire 100 % du salaire.
  3. Les contrats de prévoyance souscrits par l'entreprise peuvent également venir compléter l'indemnisation.
Type de prise en charge Montant actuel
Sécurité sociale 50 % du salaire journalier de base
Plafond d'indemnisation 53,31 euros par jour (1,8 Smic)
Complément employeur (selon accord) Jusqu'à 100 % du salaire

Ce qui change à partir du 1ᵉʳ avril 2025

Un abaissement du plafond d'indemnisation

Le décret du 20 février 2025 (publié au Journal officiel le 21 février 2025) prévoit une réduction du plafond des indemnités journalières :

  • Actuellement, la Sécurité sociale indemnise jusqu'à 1,8 fois le Smic (3 243 euros brut par mois).
  • Dès le 1ᵉʳ avril 2025, ce plafond sera abaissé à 1,4 fois le Smic (environ 2 524 euros brut par mois).
  • L'indemnité journalière maximale passera ainsi de 53,31 euros à 41,47 euros.

Pourquoi cette réforme ?

Selon le gouvernement, cette mesure vise à réaliser 400 millions d'euros d'économies et à réduire le déficit de la Sécurité sociale. Mais cette réforme inquiète, car elle impactera directement les salariés les mieux rémunérés, qui se tourneront vers leur employeur ou leur mutuelle pour compenser la baisse d'indemnisation pendant leur arrêt maladie.

Des conséquences pour les employeurs

Les employeurs vont devoir compenser cette baisse, notamment via des contrats de prévoyance. Problème : selon Guillaume Gaudiot, spécialiste en protection sociale, les assureurs augmenteront leurs tarifs dès janvier 2026 d'au moins 4 % pour absorber cette nouvelle charge. Certaines entreprises chercheraient à réduire le complément de salaire, mais cela nécessiterait une renégociation des accords collectifs, une tâche politiquement délicate.

Comment optimiser son indemnisation en cas d'arrêt maladie ?

Vérifiez votre convention collective

Toutes les entreprises ne proposent pas les mêmes garanties. Certaines garantissent un maintien intégral du salaire en cas d'arrêt, tandis que d'autres s'appliquent uniquement au minimum légal. Les grandes entreprises offrent souvent une prise en charge à 100 %, tandis que les PME peuvent être plus restrictives.

Souscrivez à une mutuelle complémentaire

Si votre entreprise ne propose pas de complément suffisant, une mutuelle individuelle peut être une bonne solution. Vérifiez les garanties proposées, notamment en cas d'arrêt maladie prolongé.

Anticipez les changements dès maintenant

  • Discutez avec votre employeur pour connaître les dispositifs en place.
  • Regardez votre bulletin de paie : la mention du contrat de prévoyance y figure souvent.
  • Renseignez-vous auprès de votre mutuelle : certaines offrent des options spécifiques pour les arrêts de travail.

Aucun commentaire à «Arrêt maladie : moins d’indemnités dès le 1er avril, qui va payer la facture ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis