Contrôles routiers : les appels de phares bientôt punis ?

Qui n’a jamais vu un conducteur prévenir ses homologues d’un contrôle routier en clignotant rapidement ses phares ? Cette habitude bien ancrée dans la culture automobile française, perçue comme un geste d’entraide, fait débat. Le Préfet du Cantal, Philippe Loos, a récemment dénoncé cette pratique qu’il juge immorale, surtout lorsqu’elle empêche l’arrestation de délinquants. Mais où s’arrête la courtoisie entre automobilistes, et où commence la complicité avec des individus recherchés ?

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Grégoire Hernandez Publié le 20 mars 2025 à 12h27
appels-de-phare-controle-routiers
Contrôles routiers : les appels de phares bientôt punis ? - © Economie Matin

Un geste légal, mais aux conséquences insoupçonnées

D’un point de vue juridique, les appels de phare ne sont pas interdits, à condition qu’ils ne gênent pas la visibilité des autres conducteurs, notamment de nuit. Comme le rappelle l’avocat en droit routier Étienne Lejeune : « Ce qui n’est pas interdit est permis. » Pourtant, pour les forces de l’ordre, cette pratique peut compromettre des opérations essentielles, surtout lorsqu’il s’agit de rechercher des criminels ou de contrôler l’alcoolémie et la consommation de stupéfiants.
En 2015 déjà, la Gendarmerie nationale alertait sur les dangers d’un tel comportement en publiant une vidéo pédagogique. L’exemple frappant d’un enlèvement d’enfant illustrait comment un simple signal lumineux pouvait aider un criminel à échapper aux forces de l’ordre. Philippe Loos insiste sur ce point : « C’est parfois des recherches de personnes, des recherches de délinquants qui viennent de commettre des crimes ou des délits. »

Les nouvelles technologies ont-elles pris le relais ?

Alors que les applications de navigation en temps réel sont maintenant présentes au quotidien, les appels de phare sont-ils encore nécessaires ? Waze et d’autres logiciels de guidage signalent déjà les contrôles routiers.
L’article L130-11 du code de la route permet à l’administration d’interdire temporairement le signalement de contrôles routiers sur ces plateformes. Cette restriction s’applique dans des situations bien précises : lutte contre l’alcool au volant, recherche de suspects pour crimes ou délits graves, ou encore décision de placement d’office en établissement psychiatrique. Cette interdiction peut s’étendre sur un rayon de 10 km hors agglomération et 2 km en ville, pour une durée allant jusqu’à 12 heures.

Appel de phare : acte de solidarité ou complicité involontaire ?

Si prévenir un automobiliste d’un contrôle radar peut sembler anodin, la question devient plus complexe lorsqu’il s’agit d’un individu recherché. Dans les zones rurales notamment, où la présence policière est plus rare, certains voient dans cette pratique un moyen de contester ce qu’ils perçoivent comme un harcèlement routier. Mais en protégeant un automobiliste en infraction, n’aide-t-on pas, involontairement, quelqu’un qui devrait être arrêté ?
Le Préfet du Cantal se veut clair : « Il faut qu’on arrête de faire des appels de phare quand on croise des contrôles de gendarmerie sur la route. » Un appel de phare anodin peut permettre à un criminel de rebrousser chemin et d’échapper aux forces de l’ordre.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

Aucun commentaire à «Contrôles routiers : les appels de phares bientôt punis ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis