Fiscalité : l’Alsace veut une taxe poids lourds pour 2027

Face à une augmentation du trafic de poids lourds sur l’autoroute A35, la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) prévoit l’instauration d’une taxe spécifique dès 2027. Ce projet ambitieux, en discussion depuis plusieurs années, vise à préserver la santé publique, la sécurité des habitants et la fluidité du trafic, tout en apportant des recettes significatives à la région.

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Le Roux Publié le 12 septembre 2024 à 16h00
L'Alsace veut instaurer une ecotaxe pour les poids lourds. Unsplash
L'Alsace veut instaurer une ecotaxe pour les poids lourds. Unsplash - © Economie Matin

Un enjeu de santé et sécurité publique

La taxe sur les poids lourds envisagée par l'Alsace pour 2027 répond, selon ses partisans, à un enjeu majeur : la protection de la santé publique. L'augmentation constante du trafic de camions sur l'autoroute A35, qui s'explique en partie par la volonté des routiers d'éviter l'écotaxe en vigueur en Allemagne, provoque en Alsace des nuisances importantes. Ces poids lourds génèrent une pollution atmosphérique accrue ainsi qu’une dégradation de la qualité de vie des riverains, en raison du bruit et des émissions de particules fines.

En instaurant cette taxe, les autorités alsaciennes souhaitent limiter le passage des camions étrangers en transit, notamment ceux qui utilisent cette voie pour contourner les obligations fiscales de leur pays. Moins de camions signifierait alors une réduction des gaz polluants, bénéfique pour la santé des habitants des communes situées le long de l'A35. En parallèle, cette initiative permettrait d'améliorer la sécurité routière, en réduisant le risque d’accidents liés à la densité de poids lourds sur cette route.

Une manne financière de 64 millions d'euros par an

Au-delà des questions de santé et de sécurité, l’instauration de cette taxe répond à un autre impératif : fluidifier le trafic sur l'A35. L'autoroute, qui traverse l'Alsace du nord au sud, est l'une des principales artères de la région. Son engorgement dû à l'afflux de camions crée des embouteillages fréquents, affectant non seulement les transporteurs locaux mais aussi les habitants et les entreprises. En réduisant le nombre de poids lourds empruntant cette voie, la taxe devrait faciliter la circulation et améliorer la qualité de vie des usagers réguliers de l’A35.

Cette mesure n’a pas qu’une visée régulatrice. D’après une étude commandée par la CEA, cette taxe pourrait générer 64 millions d’euros par an, dont la moitié proviendrait des camions en transit. Ces recettes, cruciales pour les finances publiques locales, permettraient d'investir dans des projets d'infrastructure, de moderniser le réseau routier ou encore de soutenir des initiatives écologiques. La taxe serait appliquée principalement aux véhicules étrangers, souvent responsables de la saturation de la voie, tout en envisageant des compensations pour les transporteurs locaux.

Une initiative qui fait écho ailleurs

L'Alsace n'est pas la seule à envisager une telle mesure. En Europe, d'autres régions confrontées à des problématiques similaires ont déjà adopté des dispositifs analogues. La Belgique et la Suisse, par exemple, appliquent depuis plusieurs années des taxes sur les poids lourds, avec des résultats encourageants en termes de réduction de la pollution et d’amélioration de la fluidité du trafic.

À l'échelle nationale, la France observe également ces initiatives avec intérêt, notamment en vue de les étendre à d’autres axes routiers stratégiques. L'Alsace pourrait ainsi devenir un modèle à suivre pour d'autres régions, face à des enjeux environnementaux et économiques de plus en plus pressants.

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Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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