Alcool : la Cour des comptes veut un prix minimum pour protéger les jeunes

L’alcool, simple plaisir ou véritable poison pour la jeunesse ? Derrière l’image festive et insouciante des soirées étudiantes se cache une réalité bien plus sombre : dépendance, alcoolisations excessives, et politiques publiques jugées inefficaces. La Cour des comptes vient de publier un rapport sévère sur la situation et presse l’État d’agir. Mais face aux lobbys et à une consommation bien ancrée dans les habitudes, sera-t-il possible de faire changer les habitudes concernant cette drogue ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 20 mars 2025 à 7h30
addictions, danger, alcool, drogue, santé
addictions, danger, alcool, drogue, santé - © Economie Matin
50%L'alcool est impliqué dans 50% des féminicides.

Le 19 mars 2025, la Cour des comptes a publié un rapport alarmant sur la consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes en France. Selon cette étude, un jeune sur dix se déclare dépendant à l’un de ces produits, tandis que la consommation d’alcool chez les 12-25 ans figure parmi les plus élevées d’Europe. Pourtant, la prévention et les soins proposés sont largement insuffisants. Ce rapport appelle donc à des mesures urgentes, notamment la mise en place d’un prix minimum pour l’alcool et une meilleure prise en charge médicale.

L’alcool, une drogue dure banalisée chez les jeunes

Une consommation massive et préoccupante

Si l’alcool est souvent perçu comme un simple vecteur de convivialité, il n’en reste pas moins une drogue dure aux conséquences lourdes. En France, près de 33 % des jeunes de 17 ans admettent avoir connu au moins une alcoolisation massive au cours du dernier mois. Une tendance qui n’a rien de rassurant, d’autant plus que l’âge de la première consommation reste extrêmement bas : 13,9 ans en moyenne selon les données de Santé publique France.

Des comportements à risque en augmentation

L’alcoolisation ponctuelle importante (API), soit la consommation d’au moins cinq verres en une seule occasion, est en nette augmentation. La Cour des comptes souligne que ces pratiques altèrent le développement cérébral des jeunes et augmentent considérablement les risques de dépendance, d’accidents et de violences. Pourtant, les campagnes de prévention restent anecdotiques, et l’État peine à mettre en place des mesures efficaces.

Les propositions de la Cour des comptes : vers une réforme nécessaire ?

Un prix minimum sur l’alcool : une mesure efficace mais controversée

Parmi les recommandations phares du rapport, la Cour des comptes propose d’instaurer un prix plancher sur l’unité d’alcool pur contenue dans chaque boisson. Objectif : réduire l’accessibilité financière de l’alcool aux jeunes. Une solution qui a déjà fait ses preuves en Écosse et en Irlande, où une baisse significative de la consommation a été constatée. Mais en France, cette mesure se heurte aux lobbys du secteur viticole et aux politiques qui redoutent une grogne populaire.

Renforcement des campagnes de prévention

Autre axe majeur du rapport : une sensibilisation accrue à travers des campagnes d’information massives. Actuellement, seuls 10 % des lycéens français déclarent avoir été sensibilisés aux risques de l’alcool via des programmes scolaires. La Cour des comptes appelle donc à une refonte complète de la politique de prévention, notamment avec un renforcement de l’éducation dès le collège.

Développer l’accès aux soins et à l’accompagnement

Enfin, le rapport pointe du doigt l’insuffisance des structures médicales adaptées. Aujourd’hui, seules 123 "Maisons des adolescents" existent en France, malgré une demande en forte hausse (+20 % depuis 2018). Ces structures, souvent sous-financées, peinent à répondre aux besoins croissants des jeunes en souffrance. La Cour propose donc d’augmenter leur budget et de fusionner ces structures avec les Points Accueil Écoute Jeunes (PAEJ) pour une prise en charge plus efficace.

L’État passera-t-il enfin à l’action contre l’alcool ?

Ce rapport, bien que pertinent, risque de se heurter à l’inertie politique et aux pressions économiques du secteur alcoolier. La mise en place d’un prix minimum ou le renforcement des politiques de prévention impliqueraient des choix courageux, rarement pris en période électorale. Pourtant, face à une génération de plus en plus exposée aux risques d’addiction, le temps presse.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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