Airbus et Thales sont à nouveau en discussions pour un éventuel rapprochement de leurs activités spatiales, malgré de nombreux obstacles et les incertitudes liées à la régulation européenne. Le secteur spatial, en difficulté, pourrait bénéficier de cette consolidation.
Airbus et Thales prêts à rapprocher leurs activités spatiales
Airbus et Thales, deux géants de l'industrie aérospatiale européenne, envisagent à nouveau de rapprocher leurs activités spatiales respectives, Airbus Defence & Space (Airbus DS) et Thales Alenia Space (TAS). Selon plusieurs sources de Reuters, ces discussions restent pour l’instant exploratoires, et plusieurs scénarios sont examinés pour ce rapprochement. Les acteurs impliqués se montrent extrêmement prudents, notamment en raison des échecs passés de projets similaires au cours des quinze dernières années.
Un secteur spatial en difficulté
Un point crucial dans cette possible opération est la réaction de la Commission européenne, qui devra approuver le projet en tenant compte des règles strictes de la concurrence. Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, avait exprimé en mars dernier les défis que représentent les règles antitrust en Europe pour la consolidation entre grands acteurs du même secteur. Lors du Paris Air Forum en juin, il avait toutefois souligné la nécessité de jouer collectif dans un secteur en plein bouleversement, marqué par des difficultés financières et opérationnelles pour de nombreux acteurs.
Historiquement, les tentatives de rapprochement entre Airbus et Thales ont échoué pour diverses raisons, notamment les restrictions antitrust au niveau européen. En 2019, une opération similaire avait été envisagée mais rapidement abandonnée. Le soutien du gouvernement français, et en particulier du ministère des Armées, est cette fois acquis, dans un contexte où l'État souhaite mettre fin aux rivalités entre ces deux industriels sur les marchés internationaux.
Nouvelle tentative de rapprochement entre Airbus et Thales
Les modalités de ce rapprochement restent à définir : fusion, société commune, ou coopération plus étroite dans certains domaines comme les télécoms ou l'observation. Guillaume Faury a évoqué toutes les options stratégiques, y compris une restructuration potentielle et des fusions-acquisitions. Un autre élément à prendre en compte est la participation de l'italien Leonardo, qui détient 33 % de TAS et pourrait influencer les discussions.
Les difficultés financières des deux constructeurs de satellites sont au cœur de ces discussions. Airbus a enregistré des pertes importantes liées à la révision des estimations de certains programmes spatiaux, avec une provision de 600 millions d'euros en 2023 et une nouvelle provision de 900 millions d'euros pour le premier semestre 2024. Ces pertes sont dues à des problèmes de gestion de programmes de télécommunications, de navigation et d'observation.
Thales Alenia Space, de son côté, a enregistré une perte nette de 45 millions d'euros en 2023. Face à ces difficultés, Thales a lancé un plan de restructuration ambitieux pour retrouver une profitabilité dans le domaine spatial. Patrice Caine, PDG de Thales, a annoncé l'objectif de retrouver un niveau de profitabilité de 7 % à moyen terme.