Coupe du monde de rugby : entre alcool et paris, un marketing qui dérange

Si 615 millions d’euros ont été pariés pendant la Coupe du monde de football au Qatar, rappelons surtout que 70% des parieurs déclarent avoir perdu de l’argent pendant cet événement (1). A l’aube de la Coupe du monde de rugby, Association Addictions France s’inquiète des artifices utilisés par les industriels de l’alcool et des paris sportifs pour attirer toujours plus de consommateurs et générer toujours plus d’addictions.

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Par Bernard Basset Publié le 13 septembre 2023 à 5h00
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Coupe du monde de rugby : entre alcool et paris, un marketing qui dérange - © Economie Matin
62%62% du chiffre d’affaires des sites de paris proviennent de joueurs à risques

Leur cible privilégiée ? Les jeunes. Leur arme ? Le marketing. La réponse d’Addictions France ? Dénoncer leurs manipulations.

Troisième mi-temps, paris gagnés… : des concepts marketing ?

"Compétition sportive" ne devrait pas obligatoirement être synonyme de "bière, vin et paris sportifs". Mais les industries de l’alcool et du jeu d’argent imposent ce lien dans nos esprits à chaque campagne publicitaire lancée lors d’une grande compétition sportive.

Certes, boire de l’alcool ou parier peuvent être source de plaisir, mais c’est parfois aussi un risque en matière de santé ou de sécurité. Et c’est précisément ce que les industries de l’alcool cherchent à occulter. Entre slogans aguicheurs, beaux visuels et sponsoring de compétitions (Heineken Cup, Betclic Elite, etc.), les méthodes employées sont discutables, car les enfants et les adolescents n’échapperont pas à ces publicités massives qui les conditionnent à associer le sport à l’alcool et aux paris sportifs. C’est pourquoi Addictions France invite les entreprises à prendre conscience des conséquences de leur communication pour changer leurs pratiques.

Et si les industries du jeu d’argent et de l’alcool disaient enfin la vérité ?

Qu’il s’agisse des « Et si parier, c’était plus que perdre ou gagner ? » et « Et le sport se vit plus fort » des sites de paris en ligne, ou du fameux « À consommer avec modération » créé de toute pièce par les alcooliers, ces phrases occultent la réalité qui se cache derrière leur modèle économique : l’addiction. Pour preuve : en France, 62% du chiffre d’affaires des sites de paris proviennent de joueurs à risques (2) et 10% des 18-75 ans consomment 58% de l’alcool commercialisé sur le territoire (3).

À travers une campagne vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, décryptant les techniques marketing les plus contestables associant sport, alcool et paris, Addictions France remet les pendules à l’heure car :

  • Oui, nous risquons plus de perdre que de gagner en pariant,
  • Oui, le marketing de l’alcool et des jeux d’argent joue un rôle important dans les addictions,
  • Non, les émotions du sport ne se vivent pas obligatoirement à travers une bière ou un pari.

Rugby World Cup 2023 : le marketing anti-santé a déjà commencé

La Coupe du monde de rugby vient de commencer que l'on voit fleurir les publicités Winamax pour les paris sportifs dans l'espace urbain. Les communications et les gratifications financières liées au rugby s'intensifient sur les réseaux sociaux. Dans plusieurs supermarchés Carrefour, le géant de la filière vin Cordier, filiale de InVivo (12 milliards d’euros de chiffres d’affaires), a lancé sa campagne de publicité "Mêler nos passions" avec une mise en scène qui relie vin et rugby.
Myriam Savy, Directrice de la Communication et du Plaidoyer d’Addictions France, l'affirme : "les stratégies marketing des industries du jeu d’argent et de l’alcool sont bien rodées, car elles attirent l’œil de tous, y compris des plus jeunes. Toutes ces incitations et communications trompeuses visent à imposer le pari et l’alcool dans leur quotidien, quitte à pousser à l’excès."
*(1) Selon l’ANJ (Autorité de régulation des jeux en ligne)
(2) Selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives)
(3) Selon Santé publique France

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Président d’Addictions France, Bernard BASSET est médecin spécialiste en santé publique. Il fut notamment sous-directeur à la Direction générale de la santé, chargé de la politique de prévention des addictions, ainsi que DGA de l'INPES (ancêtre de Santé publique France).

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