La hausse des péages sur les autoroutes, continue depuis des années, a régulièrement été critiquée par les usagers comme certains politiques. Mais le gouvernement (et les concessionnaires) a toujours nié qu’il y avait un problème. Sauf que le rapport de l’IGF de 2020, que le gouvernement a tenté de caché, prouve… que les critiques avaient raison. Désormais dévoilé, il piège Bruno Le Maire…
Autoroutes : le gouvernement piégé par la rentabilité des concessions
Privatisation des autoroutes en 2006… rentabilité record par la suite
Le problème, souligne le rapport que Caradisiac et Marianne ont dévoilé en partie, est que le calcul de rentabilité a été très mal fait. Lorsqu’en 2006, les autoroutes sont privatisées, le TRI (Taux de rentabilité interne) est estimé à 7,67%. Un taux élevé, mais rien d’exceptionnel.
Or, souligne l’IGF, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Le TRI a explosé du fait de la « baisse des taux d’intérêt » passée d’environ 6% en 2006 à moins de 2% en 2020. Résultat : le TRI pour Vinci atteint 11,77%, celui d’Eiffage 12,49%. Près de deux fois plus que prévu.
Pour l’Inspection Générale des Finances (IGF), qui a fait un calcul théorique, l’État aurait ainsi sous-vendu ses autoroutes de près de 6 milliards d’euros en 2006.
Bruno Le Maire tente de sauver les meubles
Après avoir nié les superprofits des entreprises en 2021 et 2022, que même Emmanuel Macron a fini par reconnaître lors de son interview du 22 mars 2023, Bruno Le Maire se retrouve une nouvelle fois coincé. Mercredi 22 mars 2023, il a donc admis une erreur au sujet des autoroutes (bien qu’il ne fusse pas, en 2006, ministre de l’Économie). « Nous nous sommes trompés », a déclaré le locataire de Bercy devant les Commissions des Finances et du Développement durable de l’Assemblée nationale.
Mais les contrats autoroutiers sont blindés, ce qui rend très difficile de les rompre. Voire même impossible. Bercy réfléchit donc à réduire la durée des concessions pour qu’elles se terminent en 2026 et non entre 2031 et 2036. Le Conseil d’État est donc saisi, pour éviter tout conflit et toute pénalité que pourraient réclamer les concessionnaires.
Reste que le prix des péages a fortement augmenté, encore une fois, en 2023 : +4,75% en moyenne. Une hausse légèrement inférieure à l’inflation (5,9 % en 2022) mais élevée. Et surtout mal perçue face aux profits record des concessions qui se chiffrent à plusieurs milliards d’euros par an.