Oubliez la « démission silencieuse », la dernière tendance consiste à cumuler deux ou plusieurs jobs

La crise du Covid n'a pas encore produit tous ses effets sur le monde du travail. En particulier chez les jeunes, le besoin d'un second emploi s'est rapidement développé ces dernières années et a augmenté de façon exponentielle depuis le début de la pandémie de coronavirus. En outre, la crise a bouleversé le monde du travail traditionnel de 9 à 5 et a incité de nombreux employés à rechercher des emplois atypiques afin d'obtenir un revenu supplémentaire en cette période sans précédent. Bien que la nouvelle génération - ou du moins une partie d'entre elle - semble insatiable de nouvelles expériences souvent pour échapper à l'ennui, et bien qu'elle ne se reconnaisse plus dans le modèle salarial français, la fonction principale d'un emploi reste de gagner sa vie. Ainsi, les actions concrètes en faveur de l'amélioration de leurs conditions de travail, ainsi que les garanties sur les engagements de l'entreprise en matière d'environnement ou d'égalité des sexes arrivent en dernier. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour trouver un emploi idéal et financièrement stable. Très peu de personnes cumulent plusieurs emplois par plaisir, mais parce que l'emploi principal ne suffit pas à joindre les deux bouts. Un chiffre qui reste alarmant quand on sait qu'en 2018, plus de 2,3 millions de travailleurs français occupaient deux emplois ou plus, selon les données de l'Insee. Selon une étude réalisée par Ipsos fin 2017 pour la plateforme Revolution@Work, 64 % des jeunes Français sont convaincus qu'avoir plusieurs emplois en même temps sera la norme d'ici à 10 ans. Les répondants ont déclaré avoir travaillé pour une autre entreprise pendant qu'ils étaient employés par leur employeur actuel. Et, sans surprise, les secteurs présentant le pourcentage le plus élevé d'employés à temps partiel ont également le pourcentage le plus élevé de personnes ayant plusieurs emplois. Les personnes interrogées ont déclaré avoir travaillé pour une autre entreprise, alors qu'elles étaient en service chez leur employeur. Les possibilités de cumuler deux activités ne sont donc pas rares. Certains travailleurs ont trouvé un moyen d'augmenter leurs revenus sans augmenter leur nombre d'heures de travail grâce à une pratique qu'ils appellent le overemployment. Au lieu de pointer d'un emploi à un autre, les travailleurs en cette situation exercent simultanément plusieurs emplois à temps plein depuis leur domicile, sans que leurs employeurs s'en rendent compte.

En plus d'être qualifiés de polyvalents par le ministère du travail, ces professionnels portent également le nom moins officiel de slashers, en raison de la nécessité de s'adapter aux contraintes du marché du travail telles que l'augmentation des contrats à durée déterminée et le chômage élevé.

La croissance de l'emploi secondaire met en évidence l'impact de la stagnation des revenus et du passage au travail à temps partiel. Le marché du travail est plus que jamais incapable de permettre aux gens de survivre avec un seul revenu.
Bien que cela puisse sembler improbable, de nombreuses personnes le font depuis des années. Pensez aux nombreuses personnes qui travaillent et doivent également s'occuper d'enfants ou de parents malades, par exemple. Les travailleurs à bas salaire sont contraints depuis des décennies de prendre deux ou trois emplois à temps partiel pour joindre les deux bouts. Nombreux sont ceux qui ont dû cumuler plusieurs emplois dans le cadre de la gig economy, livrant des repas ou faisant des courses pour d'autres personnes. Cette dernière tendance, motivée principalement par la technologie, est un moyen d'essayer de gagner un revenu supplémentaire.

Le salaire minimum étant bien inférieur au coût de la vie, près de 7,5 millions de travailleurs, soit 4,7 % de la main-d'œuvre totale, avaient plus d'un emploi en août 2022, selon le Bureau of Labor Statistiques. C'est un mouvement qui prend de l’ampleur et en raison de la révolution du travail, le marché dans son ensemble devient de plus en plus complexe, ce qui oblige la société française à le reconnaître.