La France manque cruellement de médecins du travail, certains territoires étant particulièrement sous-dotés. Ce manque de suivi engendre à son tour des coûts pour la collectivité.
La médecine du travail se fait de moins en moins présente
La France compte 7,1 médecins du travail pour 100.000 habitants
Avez-vous vu votre médecin du travail l’année dernière ? Si votre réponse est « non », sachez que vous êtes loin d’être le seul : 61% des salariés en France sont eux aussi dans ce cas. Pire, 6% des salariés n’ont jamais vu un médecin du travail, révèle la Mutualité française dans la dernière édition de son « Observatoire de la santé au travail ».
Si la situation est aussi mauvaise, c’est parce que la France manque cruellement de médecins du travail. Au 1er janvier 2022, notre pays en comptait 4.812. Depuis 2010, ce corps a perdu 21% de ses praticiens, annonçait récemment le Conseil national de l'ordre des médecins. En 2022, on comptait 7,1 médecins du travail pour 100.000 habitants. En plus, avec plus de la moitié des médecins du travail (56,4%) âgés de plus de 65 ans, c’est la quatrième spécialité la plus âgée de France, ce qui présage une pénurie d’effectifs encore plus criante dans les années à venir.
Le coût de l’imprévoyance serait de 15 milliards d’euros par an
Autre raison de cette faible couverture des salariés par la médecine du travail : la densité très hétérogène sur l’ensemble du territoire, variant de 2,8 médecins pour 100.000 habitants dans le Cantal à 20,4 médecins pour 100.000 habitants à Paris. Il en va de même pour la couverture en Services de prévention et de santé au travail : Mayotte, La Réunion, la Corse, les Antilles-Guyane et le Centre-Val de Loire sont les régions les moins dotées avec respectivement 1, 2, 7 et 9 services… alors qu’à l’autre bout du spectre, en Auvergne-Rhône-Alpes, on en dénombre 33.
La Mutualité française alerte aussi sur le coût de l’imprévoyance pour la collectivité, c’est-à-dire le coût lié au manque de couverture en matière de prévoyance. Ce dernier est estimé à 15 milliards d’euros par an : il se décompose en 1,9 milliard d’euros sur les arrêts de travail, 2,5 milliards d’euros sur l’invalidité, 3,1 milliards d’euros sur le décès et 1,2 milliard d’euros sur la dépendance et les aidants.