L’association de défense des consommateurs Familles Rurales dévoile, le 22 février 2023, son Observatoire des prix de grande consommation 2022. Sans surprise, l’inflation explose, et avec elle le budget des ménages. Bien manger, en se conformant au PNNS (Plan National Nutrition Santé), coûte de plus en plus cher. Mais ce n’est pas « inabordable ».
Alimentation : bien manger coûte entre 734 et 1.179 euros par mois
Les prix des produits sains augmente moins vite que le reste
Manger sain est bon pour la santé. Mais si on en croit Familles Rurales, c’est aussi un bon réflexe anti-inflation. Car si l’inflation dans l’alimentation a atteint 12%, elle « tombe à seulement 8,3% » pour les produits « sains pour notre santé ». C’est le constat réalisé par Famille Rurales sur la base de son panier de produits. Bien évidemment, une inflation de 8,3% reste élevée, et surtout plus élevée que l’inflation généralisée (6% en janvier 2023).
« L’explication tient notamment au fait que les produits les plus sains pour notre santé sont également généralement les aliments les moins transformés et dont la production nécessite un moindre nombre d’intermédiaires et pas ou peu de transformateurs », souligne l’association dans son Observatoire.
Paradoxalement, et alors qu’il perd des parts de marché, le Bio voit ses prix grimper moins vite. +4,3% sur un an, selon Familles Rurales. Deux fois moins que les « marques nationales » (+8,5%) et que les marques « premier prix » (+8,1%). Mais le bio reste toujours beaucoup plus cher : il est inaccessible pour les ménages les plus pauvres.
Combien ça coûte manger « bien » en France ?
En effet, le panier moyen pour une famille de quatre personnes est largement supérieur pour une « famille adepte du bio ». Le budget mensuel atteint 1.179 euros en 2023 pour le panier « varié » de l’association. Un panier conçu pour respecter le PNNS et dont le prix augmente de 49 euros mensuels en un an.
Les paniers non-bio respectant le PNNS sont bien moins chers. 814 euros en 2022 pour les « marques nationales », 734 euros pour le « premier prix ».
Mais il est également possible de réduire encore ce montant, tout en respectant le PNNS. Pour ce faire il faut varier « moins » les produits ce qui donne un panier sain mais qui coûte seulement 477 euros en 2022. Son prix augmente par ailleurs de seulement 6% en un an, soit deux fois moins que l’inflation globale dans l’alimentation.
Le panier se compose ainsi :
Constitution du panier sélection Premiers Prix (42 produits) : Courgette (longue), Chou vert (frisé), Carottes, Oignon (jaune), Aubergine (violette), Potiron ou butternut, Poireaux, Cèleri rave, Tomate grappe, Brocoli, Navets blanc et violet (de Milan), Chou-fleur, Pastèque verte, Orange (Naveline), Banane, Pomme Golden ou Gala, Melon Type Charentais, Côte de porc (première), Filet de poulet, Moules fraîches, Sardines, Maquereau, Œufs moyen de plein air, Lait demi-écrémé UHT, Yaourt nature non sucré (ferme), Pointe de Brie, Pomme de terre (type vapeur), Farine T45 blanche, Pâtes type penne, Riz blanc long grain 10 min cuisson, Lentilles vertes, Pain complet (non tranché env. 300g), Beurre doux, Huile d'olive extra vierge, Mélange 4 huiles, Poudre chocolatée petit-déjeuner, Sucre cristal blanc (betterave), Confiture de fraise (50% de fruits), Tablette de chocolat noir (env. 50% de Cacao ou extra), Café moulu pur arabica, Poudre à lever et Vinaigre de cidre.
65 euros de plus et les ménages pauvres auraient une alimentation plus saine
Ce que souligne surtout l’Observatoire des prix de grande consommation est qu’il serait possible assez facilement pour les ménages pauvres d’avoir une alimentation saine. Sur la base du panier premiers prix respectant le PNNS (à 477 euros par mois) cette alimentation pèse 38 % du budget d’une famille (2 adultes, 2 enfants) au RSA et 19 % du budget d’une famille vivant au niveau du seuil de pauvreté.
Selon les calculs de Familles Rurales, en ajoutant au budget mensuel des familles vivant au niveau du seuil de pauvreté la somme de 65 euros, elles pourraient respecter le PNNS. Le budget nécessaire pour ce faire, selon l’associaiton, est de 7,2 milliards d’euros par an. « À mettre en regard des 20 milliards dépensés à soigner des pathologies, induites par une mauvaise alimentation, que l’on pourrait éviter. »