Douze années de déclin de la démographie française et européenne

Pour le lecteur pressé, deux chiffres peuvent résumer l’évolution du nombre des naissances en France métropolitaine : en 2010, le nombre de bébés mis au monde s’élevait encore à 802 000 ; une décennie plus tard, en 2020, le chiffre annuel des naissances est tombé à 697 000. La disparition de 105 000 naissances annuelles est impressionnante !

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Par Jacques Bichot Publié le 14 février 2023 à 6h44
Naissance Demographie Monde France Population
Douze années de déclin de la démographie française et européenne - © Economie Matin
16%Le nombre de naissances a chuté de 16% entre 2006 et 2019.

L’Europe, natalité au plus bas

Mais vous n’avez encore rien vu : pour l’ensemble de l’Europe, l’état de la démographie est hélas encore plus pitoyable. En 2020, année la plus récente pour laquelle l’INED (institut national d’études démographiques) fournit toutes les données, les pays qui comptent plus de décès que de naissances sont majoritaires. Nos voisins allemands ont eu en 2020 nettement plus d’enterrements que de naissances : le taux de mortalité y atteint 11,9 (pour mille habitants) en 2020, alors que le taux de natalité est 9,3.

L’Italie fait encore pire : 12,6 pour la mortalité contre 6,8 pour la natalité, nos voisins en sont presque à deux enterrements ou incinérations pour une naissance ! La Bulgarie dépasse ce taux, avec 18 pour mille en mortalité et 8,5 pour la natalité.

En Pologne, pays qui fut fécond, la mortalité (12,6 pour mille) dépasse largement la natalité (9,4 pour mille). Certes, heureusement, le Royaume-Uni et la France enregistrent encore plus de naissances que de décès (respectivement 10,7 en natalité contre 9 en mortalité pour le royaume et 10,9 contre 9,9 pour la république). Mais nos deux pays font plutôt exception en Europe : pour les 27 pays de l’Union, le taux de mortalité atteint 11,6, et le taux de natalité seulement 9,1.

La faiblesse de la natalité contribue à celle de l’économie

Cette évolution démographique est lourde de conséquences économiques. Ces conséquences relèvent principalement du long et du moyen terme, encore que la raréfaction des actes médicaux liés aux naissances risque d’entraîner rapidement une diminution des promotions de nouveaux gynécologues et obstétriciens : pourquoi les étudiants en médecine seraient-ils nombreux à se lancer dans une carrière d’obstétricien s’il y a de moins en moins de grossesses ? Or s’il arrive que les Françaises et les Français retrouvent le goût de fonder une famille et d’élever des enfants, la rareté du personnel médical et des équipements consacrés à l’obstétrique et à la petite enfance risque de créer des problèmes.

Certains feront remarquer, à juste titre, que la natalité n’est pas plus élevée, et même, dans bien des cas, est moins élevée dans les pays européens autres que la France. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire, bien au contraire ! L’Union européenne devrait logiquement s’inquiéter de voir les berceaux vides si nombreux dans quasiment tous les pays qui la composent. Le sort de l’Union européenne, à l’instar du sort de la France, dépend de la natalité.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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