Une médecine qui évolue, des médecins qui s’hyperspécialisent, un système qui implose…
La technologie sert les soignants pour une meilleure qualité de soin pour les patients
La médecine clinique française est réputée partout dans le monde, de nombreux médecins français ont décrit la sémiologie des pathologies, ce qui a permis de les étudier et de les comprendre. Les pathologies étant définies, les premiers traitements ont été initiés. Tous les patients qui avaient la même maladie avaient le même traitement. Puis, les médecins se sont aperçus de deux choses : les médicaments ne fonctionnaient pas sur tous les patients, et l'expérience médicale avait ses limites : « ça n'est pas parce qu'un traitement semble efficace sur une poignée de patients qu'il l'est réellement à grande échelle sur tous les patients ». Ce constat des limites de la médecine clinique a été couplé à l’accélération fulgurante des connaissances : en 2010, les connaissances médicales étaient multipliées par deux tous les trois ans alors qu’en 1950 elles se multipliaient par deux tous les cinquante ans. La médecine scientifique était née.
Dans ce contexte, d’hypercroissance des connaissances et d’une approche de plus en plus scientifique de la médecine, les médecins ont dû s’adapter. Ils se sont hyperspécialisés afin de concentrer l’actualisation de leurs connaissances sur un périmètre qu’un cerveau humain peut maîtriser. Certains cardiologues ne pratiquent que la rythmologie, certains oncologues ne traitent que le cancer du sein, les urologues se spécialisent uniquement en médecine fonctionnelle, et bien d’autres. Chacun s'hyper-spécialise dans un domaine en fonction du volume de connaissances qui s’actualise et qu’il y a à gérer.
En parallèle de ces fortes mutations structurelles de la médecine, cela fait plus de cinquante ans que le monde médical souffre d’une forte pression, la société n'a pas les moyens de financer l'augmentation des dépenses de santé. La population française vieillie et est donc de plus en plus sujette à des pathologies complexes. On se retrouve donc avec plus de patients et des prises en charge de plus en plus complexes. De plus, l’hyperspécialisation des médecins dans le contexte d’évolution de la médecine, signifie qu’un patient souffrant de différentes pathologies va être amené à consulter plusieurs spécialistes. Les médecins collaborent entre eux et ce temps de coordination diminue le temps de soin. On a donc la situation suivante : de plus en plus de patients aux prises en charge de plus en plus complexes avec un nombre de soignants stables, hyperspécialisés dont le temps de soin est diminué dans le contexte d’une impossible augmentation des budgets de santé.
Des pistes pour améliorer la situation actuelle du système de santé
Des solutions existent pour la survie du système
1. Adopter une médecine dite « low-cost ». L’objectif étant d’augmenter le nombre de médecins sans augmenter les dépenses et donc en diminuant la rémunération de ces derniers. Le problème ? En médecine, l’excellence prime car les conséquences sur la santé des patients sont trop graves pour accepter ce modèle. Si les médecins ne viennent plus d'une voie d'excellence, la rigueur ne sera plus la même. Les erreurs seront plus fréquentes. Or, les erreurs se paient chères en médecine. Les conséquences seront dramatiques pour les patients et leurs familles.
2. Mettre les outils technologiques au service du soignant pour augmenter leur productivité sans dégrader ni la qualité des soins ni celle de leurs conditions d'exercice. Ce qui est la clé pour permettre de soigner tous les patients dans un système de santé soutenable pour la société. Nous devons contrebalancer le phénomène des médecins hyper-spécialistes qui induit une perte de temps de soin. Les soignants doivent être en mesure d’augmenter leur productivité afin de prendre en charge plus de patients sans altérer la qualité des soins.
Dans le cas d’un oncologue, spécialisé sur les cancers de la prostate et de la vessie, si un patient présente une angine, le spécialiste aura besoin d’une technologie qui permette d’accéder à une information fiable et actualisée. Cela permet d’assurer une prise en charge de qualité et un accès aux dernières connaissances médicales. Sans ça, il faut adresser le patient à son médecin généraliste. La technologie doit permettre aux soignants de garder une expertise large par l'accès en temps réel aux informations fiables, actualisées et actionnables dans leur pratique quotidienne. Si on veut rester sur une médecine raisonnable en termes de coûts et conserver l’excellence des soins, il faut rendre possible une expertise plus large aux soignants.
La technologie s’intègre de plus en plus dans le quotidien du soignant, que ce soit lorsqu’il est en consultation, en visite ou au bloc en train d’opérer. Elle permet aussi bien de maîtriser l’information scientifique que de consulter une information du patient en temps réel. Les technologies permettent au soignant d’avoir la capacité de prendre en charge plus de patients, tout en conservant la même qualité de soin. C’est par ces nouvelles technologies qui font du soignant un praticien augmenté que nous pouvons imaginer un système de santé qui soit soutenable demain.