La Banque centrale européenne n'a pas fini de relever ses taux, quitte à ralentir l'activité économique de la zone euro… et à la faire plonger dans la récession ? Ce n'est pas l'objectif de la BCE, assure François Villeroy de Galhau.
Hausse des taux : la Banque centrale européenne ne veut pas provoquer de récession
Avec une inflation mesurée à 10,1% en novembre sur un an, on pourrait penser que la politique de resserrement monétaire pratiquée par la Banque centrale européenne (BCE) est inutile. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, s'en défend : il faut entre 18 mois et 2 ans « pour qu'une politique monétaire anti-inflationniste produise ses effets », explique-t-il dans un entretien au Journal du Dimanche. Le relèvement des taux devrait permettre d'abaisser l'inflation autour de 4% à la fin de l'année prochaine, puis à 2% (l'objectif assigné par la BCE) à la fin 2024 ou au début 2025. En attendant, le spectre de la récession rôde.
Ralentissement de l'activité économique
En attendant, il faut accepter le ralentissement de l'activité économique, une potion amère. « Notre objectif n'est évidemment pas de provoquer une récession », se défend-t-il. Les taux d'intérêt ont été relevés à quatre reprises successives depuis l'été, rappelle le gouverneur, ils sont passés de -0,5% à 2%. « Et nous sommes prêts à aller au-delà pour vaincre l'inflation ». Car une inflation sous contrôle aidera « au retour de la confiance » : cela permettra de reprendre la croissance du pouvoir d'achat des ménages. « Entre 2015 et 2021, [elle] avait crû en moyenne de 8% ».
La récession aux portes de la zone euro
Ces déclarations cadrent avec celles de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, qui a estimé que le chemin était encore long et qu'il fallait aller encore plus loin. La Banque centrale a procédé à une nouvelle augmentation de ses taux directeurs jeudi dernier, de 0,5 point. Une hausse moins importante qu'en septembre et en octobre, qui avaient été de 0,75 point. Les résultats sur l'inflation risquent néanmoins de se faire attendre alors que les conditions de crédit se resserrent.