Va-t-on connaître une nouvelle pénurie de papier toilette en Europe, après celle liée à la pandémie de Covid-19 (essentiellement causée par des achats de panique) ? Le risque existe. Face à une forte hausse des prix de l’énergie et des matières premières, le secteur tire la sonnette d’alarme outre-Rhin. L’un des acteurs majeurs a même fait faillite…
Hakle : géant du PQ happé par la hausse des prix
Peu connu en France, Hakle est une institution en Allemagne : il est l’un des principaux producteurs de papier toilette et essuie-tout du pays. Mais le 6 septembre 2022, il a annoncé être en crise et a déclaré son insolvabilité. Un choc pour le pays qui avait déjà connu, durant la pandémie de Covid-19, de grandes pénuries de papier toilette dans les magasins.
Or, si la pénurie en 2020 était liée au choc de la pandémie, l’arrêt de la production et des problèmes logistiques pour raisons sanitaires, celle de 2022 est plus complexe. Elle est causée par la hausse des prix des matières premières, notamment la pâte à papier, et l’augmentation des prix de l’énergie. « L'ensemble de l'industrie papetière est soumise à une énorme pression des coûts », a déclaré au magazine Der Spiegel Gregor Geiger, directeur de la fédération des industries du papier en Allemagne.
Pas de solution à court terme pour l’industrie
La différence entre les deux crises est majeure : alors que les problèmes de production et de logistique causés par le virus Sars-CoV-2 étaient attendus pour être temporaires, nécessitant essentiellement une réorganisation, celle que connaît le secteur actuellement ne présente pas de solutions à court terme. La crise du gaz russe devrait se poursuivre, Moscou continuant d’utiliser l’énergie comme moyen de pression sur l’Union européenne, sur fond de guerre en Ukraine.
De plus, l’industrie se heurte au problème de la rentabilité : avec la hausse des prix des matières premières et de l’énergie, elle devrait fortement augmenter les prix pour le consommateur final. En France, d'ailleurs, en août 2022 la hausse sur un an a dépassé les 10%. Mais cette pratique risque de freiner les ventes, surtout pour les produits les plus chers, alors que les ménages tendent à faire des économies.