En plus des durées de travail, il serait urgent d’augmenter le taux d’emploi pour revenir à l’équilibre des comptes

Depuis 1975, la France est en déficit perpétuel. Chaque déficit s’ajoutant au suivant, nous arrivons à la fin du 2ème trimestre 2022 à une dette colossale de 2916,80 Mds, après 2910,70 Mds au premier trimestre et + 88,80 Mds pour le dernier trimestre de 2021.

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Par Daniel Moinier Publié le 2 décembre 2022 à 5h08
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En plus des durées de travail, il serait urgent d’augmenter le taux d’emploi pour revenir à l’équilibre des comptes - © Economie Matin
98,10%En 2017, la France avait une dette à 98,10% du PIB.

Ce qui place la France en 3ème position des pays les plus endettés d’Europe et le deuxième ramené au nombre d’habitants.

Avant la pandémie, un effort avait été réalisé puisque qu’en 2017, la France avait une dette à 98,10% du PIB, 97,40% en 2019. Avec le Covid elle est montée d’un coup à 115% en 2020, puis a diminué en 2021 à 112,50% puis est passée à 114,60% au 1er trimestre 2022 et 113,10% au 2ème trimestre. Soit une dette de 164.000 euros par foyer imposable (environ 17 millions).

Le déficit public est attendu à -5% en 2022 après 6,5% en 2021. Rien que pour revenir au 3% il faudrait un déficit maximum de 87 Mds d’euros.

Quel défi doit être réalisé pour atteindre les 3% de déficit, ensuite être à l’équilibre des comptes et enfin être positif ?

Cela est possible : l’Allemagne l’a fait. Avant les effets des réformes Hartz/Schroeder, le taux de chômage avait atteint 11,7%. Dès la mise en place, le chômage a progressivement baissé d’année en année pour passer sous la barre des 4% en 2017.

Les réformes Hartz : Elles ont agit sur plusieurs leviers : Raccourcissement de la période d’indemnisation, la fermeture des options de départ anticipé à la retraite, baisse des charges sociales patronales, renforcement de l’accompagnement, réduction des revenus de remplacement, meilleure adéquation entre l’offre et la demande de travail avec des incitations accrues, assouplissement des licenciements, libéralisation du travail atypique, réforme du système de l’assurance chômage et du régime d’assistance sociale, favoriser le retour à l’emploi des personnes les plus éloignées du marché du travail.

Quels sont les défis à réaliser pour augmenter le taux d’emploi des seniors

En premier, allonger la durée d’activité au minimum à 65 ans. C’est la mesure la plus propice pour augmenter le taux d’emploi des seniors, même si certains vont annoncer que le taux de chômage va augmenter. Il serait intéressant comme l’ont fait les Allemands, d’effectuer la fermeture des options de départ anticipé.

« La seule réforme Hollande pour carrières longues concernant les salariés qui ont commencé à travailler à partir de 18 ans, nous coûte toujours depuis novembre 2012, 11 Mds d’euros par année ».

Créer de nouvelles incitations pour les employeurs pour garder le plus longuement possible les seniors au travail. Créer aussi par l’état, de nouvelles émulations pour embaucher en priorité des seniors.

D’autre part, il serait souhaitable de limiter la croissance des dépenses aux environs de 0,7% pour au minimum revenir sous les 3% de déficit, ce qui suppose des économies massives.

D’autre part ce qui ne va pas faciliter la tâche, c’est la hausse des taux d’intérêt due à l’inflation qui va accroître mécaniquement la charge de la dette. Elle pourrait augmenter de 150 Milliards sur 10 ans aux conditions actuelles.

Autres pistes de réductions du déficit, s’attaquer à la diminution de la fonction publique. Vaste programme presque jamais réalisé, sauf sur une période sous Sarkozy. Dans le contexte actuel il semble très peu probable que le gouvernement s’attaque à ce « gros morceau », sachant que les demandes de moyens supplémentaires affluent de différents ministères : santé, éducation, police, armement… De plus avec la transition énergétique, les dépenses sociales vont encore augmenter, ainsi que les dépenses liées à l’accompagnement des plus pauvres, des plus âgés…

Comment augmenter le taux d’emploi ?

La France a un des taux d’emploi des plus faibles, les causes : Démarrage tardif dans le monde du travail et des sorties bien trop précoces (pré-retraites, retraites). Retraite à 62 ans, départ le plus tôt de tous les pays sans compter les préretraites et pour certaines encore avant 60 ans !

Le taux d’emploi français des 18-64 ans est environ 10 points en deçà de celui de l’Allemagne. Le taux des jeunes est à 41,2% en France, 60,8% en Allemagne ! Celui des seniors à 54,2% contre 72% !

Autre différence, malgré un temps d’études supérieur, le niveau scolaire est défaillant. Il existe aussi un manque de professionnalisation des études qui constitue un autre handicap.

La France est avant dernière du classement mathématiques TIMMS et sous la moyenne OCDE du classement PISA.

L’apprentissage : Malgré des efforts importants depuis quelques années, nous sommes encore très loin du niveau de la Suisse et de l’Allemagne.

86% des lycéens allemands sont en alternance, 69% en Suisse. Celle-ci montre un exemple intéressant : L’orientation par la performance et le regroupement des élèves par niveau d’aptitude. Il serait nécessaire de se concentrer sur les fondamentaux.

En France, l’apprentissage est souvent pénalisé par l’indiscipline et le nivellement par le bas. L’âge légal d’entrée en apprentissage est de 16 ans même s’il existe des exceptions à 15 ans, voire 14 ans. Avant la scolarité prolongée à 16 ans, l’entrée en apprentissage était à 14 ans.

Dans les années 50/60, il existait des ENP (Ecoles Nationales Professionnelles) dont les cours démarraient directement en 6ème technique et Industrie. Les jeunes travaillaient le métal et le bois dès 11/12 ans, puis dès la 4ème sur les machines, tours, fraiseuses, raboteuses, étau limeur… Puis le modelage, la fonderie, la forge, la soudure, le perçage, l’électricité, le dessin industriel, les méthodes et ensuite se spécialisaient. Suivant les capacités, les élèves se dirigeaient vers les BTS ou la filière ingénieur. Les entreprises trouvaient dans ces candidatures des jeunes près à s’intégrer avec un minimum de temps d’adaptation. Il est bon de rappeler que les horaires étaient beaucoup plus importants, jusqu’à 44 heures par semaine, les classes dépassaient en général les 40 élèves. Il est vrai que la discipline était sévère et les jeunes très disciplinés. Un autre monde !

Actuellement la trop forte surreprésentation des études de sciences sociales : 32% des étudiants, dont 6 à 8% ont un déficit d’insertion sur 30 mois. Ces diplômes débouchent souvent sur une impasse et diminuent le niveau intellectuel collectif. Une partie de ces filières pourraient être remplacées vers d’autres plus porteuses d’empois directs.

A l’autre bout de l’emploi, un an avant la retraite, 65% des seniors n’exercent déjà plus d’activité.

Un senior qui ne travaille pas empêche au minimum l’emploi de 3 jeunes. Cause en France d’un chômage élevé des jeunes.

Avant 1960, il n’y avait pour ainsi dire pas de chômeur. « Un salarié pouvait traverser la rue pour changer facilement d’emploi ». A part les allocations familiales, il n’existait aucune aide sociale, ce qui favorisait une reprise rapide d’activité. Il est nécessaire de rappeler qu’il existe en France plus de 400 aides sociales ! Record du monde !

A sa création le RMI (devenu RSA) ne comptait que 100.000 familles, aujourd’hui c’est bientôt 2,5 millions !!!

Autre frein, le principe d’augmentation des salaires en fonction de l’ancienneté, renchérit le coût du travail des seniors. Le poids salarial devient très important par rapport aux autres salariés moins âgés à travail identique.

Une des possibilités pour les emplois compliqués ou plus pénibles serait d’adapter des postes aux seniors. Chaque entreprise doit trouver sa solution pour garder ses seniors jusqu’au départ en retraite tout en restant compétitif.

La décision de porter les départs en retraite à 65 ans dans un délai suffisamment court permettrait d’augmenter fortement ce taux d’emploi bien trop faible pour avoir une France compétitive.

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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