Bouygues et RTL Group ont finalement abandonné leur projet de fusion entre TF1 et M6. Dix-huit mois après avoir lancé ce vaste chantier, les demandes des autorités de la concurrence auraient dénaturé le mariage, selon les entreprises.
Les groupes TF1 et M6 ensemble, c'était l'assurance de créer un poids lourd français de l'audiovisuel. La nouvelle entité aurait pesé 40% de l'audience, 40% de la production, et plus de 70% du marché publicitaire. Une fusion nécessaire aux yeux des propriétaires, Bouygues et RTL Group, qui voulaient peser face aux plateformes américaines qui secouent le marché audiovisuel en France et en Europe. Ce mariage aurait été « une réponse appropriée aux défis découlant de la concurrence accélérée » avec ces plateformes, écrivent ainsi les deux sociétés.
Pas de feu vert de l'Autorité de la concurrence
Mais le projet n'ira pas jusqu'au bout. Dévoilé en mai 2021, le rapprochement entre TF1 et M6 est abandonné. Une décision qui intervient « après l’audition des parties par le Collège de l’Autorité de la Concurrence, les 5 et 6 septembre derniers, pour défendre l’intérêt et la nécessité de l’opération ». Hélas pour les deux parties prenantes, les arguments et les concessions proposées n'ont manifestement pas convaincu ni l'autorité, ni les concurrents qui craignent la position dominante qu'aurait eu l'entité.
Logique industrielle
Pour décrocher le feu vert, Bouygues et RTL Group auraient en fait dû accepter la cession soit de la chaîne TF1, soit de la chaîne M6. De quoi vider le projet de toute logique industrielle, selon le communiqué paru en toute fin de semaine dernière. À la place, TF1 et M6 étaient prêtes à séparer leurs régies publicitaires et à se séparer de quelques unes de leurs petites chaînes de la TNT : TFX et 6Ter devaient ainsi être rachetées par le groupe Altice, ce qui n'aura donc pas lieu. Les entreprises regrettent que l'Autorité de la concurrence n'a pas pris en compte « l'ampleur et la vitesse des mutations du secteur de l'audiovisuel français ».