Eco Digest du 5 juillet 2012 (1) - La note est salée. Le gouvernement français a annoncé mercredi 7,2 milliards d'euros de hausses d'impôts et 1,5 milliard de gel supplémentaire des dépenses, au lendemain de la déclaration de politique générale de Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale. "C'est d'une France affaiblie sur le plan économique dont nous héritons", a déclaré le ministre de l’Economie Pierre Moscovici lors de la présentation d'un "collectif budgétaire" qui doit corriger le budget 2012 voté par l'ancienne majorité. "Il y a bien une ardoise cachée que nous devons honorer pour respecter l'objectif d'un retour des déficits publics à 4,5% du PIB" à la fin de l’année, a ajouté le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac. Au total, ménages et entreprises paieront 22 milliards de hausses d'impôts en 2012, en comptant les 15 milliards d’euros votés par la droite avant la présidentielle, selon le gouvernement. Les mesures doivent rapporter 6,1 milliards d'euros de recettes supplémentaires l'an prochain.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a refusé d’employer les mots "rigueur" ou "austérité", appelant à ne "pas jouer tout le temps sur les mots", lors d’une interview sur TF1 mercredi soir. Le tour de vis supplémentaire sur les dépenses publiques doit limiter leur progression à 0,8% par an en volume sur l'ensemble du quinquennat. Concernant l'effort fiscal, les mesures frapperont d’abord les grandes entreprises et les ménages les plus aisés. La seule « contribution exceptionnelle sur la fortune » rapportera 2,3 milliards d'euros à l'État cette année. Avec l’ISF, le chiffre pourrait bien atteindre plus de 5 milliards en 2012. Un record.
Malgré les précautions langagières d’usage, plus de deux tiers des Français (68%) estiment que les premières annonces du gouvernement constituent bien un "tournant vers la rigueur", révèle un sondage Tilder-LCI-OpinionWay publié mercredi. Quel que soit leur choix lors de l'élection présidentielle, au moins 61% des personnes interrogées estiment que le gouvernement a annoncé le lancement d'une politique de rigueur. Parmi les électeurs de François Hollande, ils sont même 74% à partager cet avis.
- Par ailleurs, le Premier ministre a affirmé mercredi que les prix du gaz n'augmenteraient pas au-delà de l'inflation. "Il y a peut-être un problème juridique, technique, etc. Mais moi je veux qu'on comprenne bien qu'on ne va pas encore prendre de l'argent dans le pouvoir d'achat des classes moyennes et des classes populaires", a souligné Jean-Marc Ayrault. Les tarifs réglementés du gaz avaient déjà augmenté de 4,4% au 1er janvier. L’entreprise publique GDF Suez réclame une revalorisation de 5% pour couvrir la hausse de ses coûts d'approvisionnement.
- Le gouvernement proposera au Parlement la ratification du traité budgétaire européen car il y a "désormais une vision équilibrée" sur la réponse à donner à la crise de la zone euro, a confirmé mercredi sa porte-parole Najat Vallaud-Belkacem. "Nous proposerons la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance" de l'Union européenne "compte tenu du fait que nous avons désormais une vision équilibrée de la suite de la réponse à la crise de l'Europe, fondée sur la responsabilité budgétaire bien sûr, mais aussi sur la croissance, la stabilité financière et sur la perspective d'une intégration solidaire", a-t-elle affirmé, précisant que "pour l'instant, nous n'avons encore discuté de la procédure" et "nous n'avons pas de calendrier précis". Signé par 25 pays de l’UE et déjà ratifié par plus de la moitié d'entre eux, le traité budgétaire européen introduit des "règles d'or" pour prévenir l’aggravation des déficits et prévoit des sanctions en cas de dérapage des finances publiques.