Le gouvernement a haussé le ton contre les grévistes dans les raffineries et les dépôts : face à la pénurie causée par les blocages, les salariés d’Esso-ExxonMobil sont « réquisitionnés » afin de les obliger de travailler malgré leur droit de grève. Mais la situation ne devrait pas rentrer dans l’ordre rapidement, alors que sur le front des prix des produits pétroliers ; les carburants évoluent à la hausse et le pétrole brut à la baisse…
Grèves dans les raffineries : le conflit s’enlise
Elisabeth Borne, Première ministre, a annoncé mardi 11 octobre 2022 réquisitionner certains salariés pour débloquer les dépôts et les raffineries, sans pour autant demander aux entreprises d’augmenter les salaires (ce que demandent les syndicats). De quoi augmenter les tensions sociales, si bien que chez TotalEnergies, la raffinerie de Donges a rejoint le mouvement de grève le même jour.
L’énergéticien français a même donné un ultimatum à la CGT : soit elle cesse le mouvement de grève mercredi 12 octobre 2022 à midi, soit elle n’est pas invitée à la table ronde avec les syndicats non-grévistes. Une manière pour la direction du groupe de forcer la main des syndicats, après avoir tenté de leur attirer la foudre de l’opinion publique en dévoilant le salaire moyen des salariés qui serait de 5.000 euros. Les syndicats, fiches de paye à l’appui, ont complètement détruit cet argumentaire et montré qu’au contraire, les salaires étaient bien plus bas (3.241 euros bruts, 2.542 euros nets en comptant les primes de pénibilité).
Le prix de l’essence et du diesel en forte hausse
Les automobilistes qui attendent des heures devant les stations-essence pour faire le plein, lorsqu’ils trouvent une station avec les cuves remplies, doivent en outre composer avec une forte hausse des prix d’essence et diesel. Elle est toutefois indépendante de la grève, puisque liée aux prix du brut de plusieurs semaines en arrière.
Ainsi, selon les données du ministère de la Transition écologique arrêtées au vendredi 7 octobre 2022, le diesel a grimpé de 10,8 centimes d’euro en une semaine, atteignant 1,8035 euro, tandis que l’essence SP95-E10 affiche 1,5914 euro, en hausse de 7,3 centimes. Ces prix tiennent compte de la ristourne du gouvernement de 30 centimes, ce qui fait que le diesel coûterait en réalité plus de 2,1 euros le litre (1,9 euro pour l’essence SP95-E10).
Le pétrole brut chute en Bourse face au risque de récession
La hausse des prix des carburants à la pompe pourrait néanmoins connaître rapidement un coup d’arrêt : le prix du baril de brut a chuté en Bourse entre vendredi 7 et lundi 10 octobre 2022, perdant près de 5 dollars pour le Brent et pour le WTI. Mercredi 12 octobre 2022, avant l’ouverture de la Bourse de Paris, il affichait 94 dollars pour le premier, 89 dollars pour le deuxième.
En cause : les craintes de récession pour 2023, confirmées par le FMI dans son rapport publié mardi 11 octobre 2022 qui n’a pas créé de surprise. Pour le Fonds Monétaire International, l’économie mondiale, en 2023, pourrait connaître la pire croissance depuis 2001, hors crise des subprimes et de la Covid-19. Or qui dit croissance basse voire récession, dit baisse de la demande en pétrole...