En ces temps de crise énergétique, il est important d’échanger ses « bons plans ». En effet, si Bruno le rigolo dit « l’homme qui murmurait à l’oreille des cols roulés » vous explique comment enfiler votre chandail tous les matins et que Babeth de Matignon nous donne ses conseils beauté et nous enseigne l’art de porter convenablement la doudoune, il n’y avait pas de raison, que moi non plus je ne vous aide pas à être citoyen et à réduire vos consommations d’énergie.
Alors aujourd’hui je vous propose de quitter mon grenier (exceptionnellement) et de vous entraîner dans ma cuisine. Oui mes amis. Je vais vous expliquer comment cuisiner des aliments pas chers et à froid, ou alors avec le minimum de cuisson.
En effet, si l’action politique consiste à demander ce dont vous avez besoin et qu’ils nous expliquent doctement comment nous en passer, moi je vais vous donner de vrais conseils de galérien.
Le riz
Vous aimez le riz ? Non ? Et bien aimez-le quand même. C’est pas cher, ça cale, et puis on y met toutes sortes d’accompagnements. Donc le riz du pauvre à froid, c’est assez simple. Vous laissez trempez votre riz deux heures dans l’eau avant de le faire cuire. Cela va réduire le temps de cuisson considérablement. N’oubliez pas non plus de couvrir la marmite avec un couvercle. Non, je vous le dis quand même, parce que désormais, n’oubliez pas, il faut vous prendre ostensiblement pour des abrutis. D’ailleurs, saviez-vous que pour obtenir de l’eau chaude… il faut la chauffer ? Non, je vous le dis quand même parce que comme il paraît que l’on est tous un peu con-con.
C’est pas moi qui le pense. C’est Bruno le rigolo, l’homme au col roulé (vous le saviez) mais aussi l’homme qui valait moins 149 milliards en août 2022. Moi qui regardais l’homme bionique qui valait 3 milliards quand j’étais gosse… Bruno, il n’est bionique, il est bio-cynique. C’est notre Steve Austin de Bercy. D’ailleurs la série commence par un immense crash. Dans cette série, je parle aux plus vieux, plus l’homme qui valait 3 milliards courait vite, plus il courait au ralenti, ce qui préfigurait l’approche de l’informatique de Microsoft, où pour arrêter votre ordinateur, il vous faut appuyer sur démarrer, ce qui est d’une logique implacable, vous en conviendrez.
Bon, maintenant que je vous ai dit comment faire du riz, il faut que je vous donne ma recette de soupe aux cailloux. En fait la soupe aux cailloux c’est un petit conte que je viens d’adapter pour l’occasion.
La soupe aux cailloux
Sur la place devant le Palais, une femme (une ménagère de plus de 50 ans ayant ratée sa vie et ne portant pas de Rolex) semblait affairée. Manu Tchao, Bruno le rigolo et Babeth la doudoune qui sortait d’une sérieuse réunion appelée Conseil des Ministres s’approchèrent d’elle :
– Que faites-vous ?
– Je fais une soupe aux cailloux, répondit-elle. D’ailleurs j’aurais besoin de trois grosses pierres rondes. Savez-vous où en trouver ?
Manu, Bruno et Babeth, filèrent chercher trois belles pierres, qu’ils lui tendirent. Pensez donc, faire plaisir aux gueux con-con avec trois cailloux, il ne faut pas hésiter un instant, pensa Manu. Cela ne coûtera rien au budget, pensa Bruno, une bonne affaire. Quant à Babeth, 3 cailloux dans la marmite, c’est mieux qu’un seul caillou dans ma chaussure.
– Ces pierres feront une excellente soupe, dit-elle en les plongeant dans l’eau. Dommage qu’on ne puisse pas en faire beaucoup dans cette gamelle…
– Ne vous inquiétez, dans les cuisines du Palais, il y a des grosses marmites (payées par vos impôts, pensa ManuTchao sans oser le dire) ! Je vais chercher la plus grosse !
Alors qu’il prenait la marmite, le chef cuistot du Palais lui demanda ce qu’il faisait.
– Il y a une ménagère de plus de 50 ans sur la place. Elle fait une soupe aux cailloux…
– Une soupe aux cailloux ? songea-t-il. J’aimerais bien voir ça !
Le chef cuistot suivit son président aux papilles si délicates et expertes.
– Évidemment, précisa la ménagère, la vraie soupe aux cailloux doit être assaisonnée avec du sel et du poivre, mais je n’en ai pas…
– Moi, j’en ai ! dit Bruno.
Et il disparut avant de revenir avec du sel, du poivre et d’autres épices de son ministère-amer.
La ménagère goûta la soupe :
– La dernière fois que j’ai eu des pierres de cette forme, j’y ai ajouté quelques carottes, c’était délicieux !
– Des carottes ? Je crois que j’en ai tout un stock chez moi, dit Babeth la doudoune de Matignon. Il faut dire que j’ai prévu la dose pour ma réforme des retraites ! Je vais voir…
Et la Babeth revint avec un panier rempli de carottes qu’elle avait prévue d’enf… bref ainsi que deux beaux choux, qu’elle se pressa de jeter dans la marmite.
– Hum, soupira la ménagère. Quel dommage que je n’aie pas d’oignons, ce serait si bon !
– Oh oui ! dit Manu. Je cours en chercher, j’adore les oignons !
Et petit à petit, chacun apporta de quoi enrichir la soupe. Quand l’un avait à cœur de donner, le suivant donnait plus encore. Poireaux, tomates, saucisses, lard fumé…. La soupe dégageait à présent une délicieuse odeur. Enfin, la ménagère déclara :
– La soupe est prête !
Tous se réunirent alors autour d’une grande table, apportant avec eux pains et boissons. Quel festin ! Autour du Palais, on n’avait jamais vu ça !
Moralité de l’histoire ?
1/ J’en ai marre, j’en assez de leur âneries, mais je crois que vous aviez déjà perçu mon agacement et si vous ressentez la même chose, rassurez-vous. Vous n’êtes pas seul et votre courroux est la preuve d’une bonne santé mentale.
2/ Il faut aller réclamer le pognon là où il est ! Et il est chez Bruno, Manu et Babeth, qui font mine de ne pas pouvoir ouvrir les cordons de la bourse. En France chaque euro compte pour Bruno-Col roulé et ses 149 milliards de déficit à la fin août 2022. Quelqu’un pour prévenir la vedette de Bercy que l’année se termine en décembre ? Il ne faut donc pas hésiter à couillonner aimablement ceux qui nous couillonnent à longueur de temps.
3/ Il ne faut pas les lâcher, et dénoncer les âneries pour ce qu’elles sont, de grosses âneries, et ne pas les laisser nous prendre pour des imbéciles. Nous n’avons pas besoin de pull, de consignes pour nos radiateurs données par notre Président Thermostat.
Nous avons besoin de changer le mode de fixation de l’électricité en France et de cesser de nous faire voler et piller par des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Sinon notre déficit ne va cesser de grossir et nos concitoyens finiront tous à la soupe aux cailloux.
Alors, c’est assez ! (dit la baleine)
D’ailleurs comme cétacé (pour ceux qui ne comprennent pas et à qui il faut dire de mettre un pull quand il fait froid) écrivez quotidiennement à votre député pour qu’il connaisse la recette de la soupe aux cailloux et de manière générale les difficultés de notre pays. N’oubliez pas. On est gentil, poli et aimable avec son député, même s’il est en marche ou en pleine renaissance !! L’insolence, la dérision de leurs actions, l’humour, sont des armes bien plus redoutables que la violence car elles permettent de construire la paix et l’avenir et que les peuples ont toujours intérêt à la paix civile car ils sont toujours les premières victimes des violences.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Article initialement publié sur Insolentiae, le blog de Charles Sannat