Certains l’avaient enterré un peu vite. C’était après ses problèmes post-opératoires qui l’avaient obligé à interrompre ce qui devait être sa dernière tournée : « Tour 66 ».
Lorsque j’avais appris en écoutant son interview chez Claire Chazal que « l’idole des jeunes » allait tirer sa révérence scénique, j’avais immédiatement décidé d’aller le voir comme on ne veut pas rater la fin d’une époque.
Dans le stade Chaban-Delmas de Bordeaux, j’avais vu en ce 20 juin 2009 un spectacle grandiose terminé par deux titres qui résumaient parfaitement l’état d’esprit du chanteur à ce moment- là : « Ca ne finira jamais » et « Et maintenant », reprise d’un des tubes mondiaux de Gilbert Bécaud. Même vu de - très- loin, Johnny était encore à 66 ans une bête de scène.
Le 11 décembre dernier, Johnny passait au Zénith de Toulouse, grande salle mais en aucun cas comparable à un stade de plus de 30000 places hors pelouse. La place que j’occupais m’a permis de le voir droit dans les yeux à quelques mètres et de mieux vivre, dans cet espace confiné, le lien qui existe entre l’artiste et son public (tout en admirant la beauté de Laetitia et Nathalie Baye, présentes à quelques mètres également).
Comme d’habitude avec Johnny, l’intro est grandiose avec un truquage sensationnel qui donne l’impression que la scène explose et que des pierres énormes vont écraser la foule. Sur ce commencent les premières mesures de « Allumer le feu » qui, on s’en doute, mettent le feu à la salle.
« Allumer le feu », comme pour rallumer une flamme que certains croyaient définitivement éteinte suite aux problèmes de santé du chanteur… La flamme reste d’ailleurs toujours allumée pendant tout le spectacle, les musiciens, les choristes ou les effets scéniques étant, comme toujours, au top. La présence du chanteur est, elle, sensationnelle avec, comme à Bordeaux, la scène qui avance dans le public.
Ayant eu Johnny à quelques mètres de moi et en décryptant son jeu de scène ainsi que son regard, plusieurs choses sont patentes : il fait corps tant avec ses musiciens, qu’il appelle le « groupe », qu’avec le public. Sa relation avec le public est d’ailleurs charnelle : quand Madonna baise son public avec des concerts tronqués, Johnny fait l’amour au sien, et lui le fait très bien, pendant deux heures.
Dans son regard on voit que cet artiste, après plus de cinquante ans de carrière, ne peut pas se passer de la scène et de ce rapport unique qu’il entretient avec ses fans. La scène est sa drogue dure dont il est, à mon avis, incapable de se passer comme il l’a confirmé dans une interview à « Nice Matin » après son dernier spectacle à Marseille.
Il est désormais certain que la dernière tournée de Johnny ne sera en aucun cas programmée car ce chanteur hors du commun doit certainement vouloir, comme chantait Dalida, « mourir sur scène ».
En attendant, Johnny est toujours vivant, plus fort que jamais et, je l’espère, pour encore longtemps. Le final de « Tour 66 » était bien prémonitoire : Ca ne finira jamais et maintenant, on sait ce qu’il va faire.