Qui prendra la relève ? Que reste -t’il des Indignés de l’an dernier dans des pays où la paupérisation se fait de plus en plus douloureuse ? L’Espagne est aujourd’hui exsangue. En Grèce, les gens dorment dans leurs voitures quand ils en ont encore une tandis qu’à quelques milliers de kilomètres, les Anglaises viennent se pâmer à la Somerset house de Londres devant la robe de mariage de Marie Chantal de Grèce réalisée avec 40 autres tenues en 1995 par Valentino et son atelier… Ce week-end, les journaux télévisés n’ont cessé d’ouvrir sur les départs au ski qui ne répresentent que 10 % des Français, soit 5 millions de personnes sur l’année. Lorsque l’on sait que les Français vivant au-dessous du seuil de pauvreté sont huit millions…
Comment une chaîne nationale comme France 2 ou les robinets à images des chaînes d’infos peuvent-elles dédier autant de temps à nous montrer des gens béats en train de descendre des pistes, alors que pour 58 millions de personnes, la neige n’est qu’un souvenir de boue froide et grise une fois qu’elle est tombée sur toute la France comme en janvier dernier ? Manquent-ils de sujets ? Un rappel, cela va faire deux ans que la Syrie a tenté de se libérer. En couverture de The Economist, le magazine anglais titre Syrie, la mort d’un pays, rappelant comment ce pays qui compte déjà 70 000 morts fut un exemple de cohabitation entre les chrétiens et les musulmans, l’article cite un étudiant : “le régime est en train de nous massacrer, les opposants se radicalisent en devenant eux-mêmes des meurtriers et le monde regarde cela comme un film”.
Stop à la guerre en Syrie
Des films, voilà ce que les civils Syriens usent comme autant d’armes-la seule à leur disposition grâce à leur téléphone portable ; autant d’images qui nous sont montrées depuis le vendredi 1er mars jusqu’au 20 sur les antennes de France Télévisions, France 24, TV5, Public Sénat et LCP, grâce à la formidable initiative de Béatrice Soulé, baptisée 2′ pour la Syrie. Deux minutes pour lutter contre l’indifférence, la même qui décida de la destinée de Stephane Hessel à la Libération en 1945. Parmi les 200 000 vidéos qu’elle a visionnées, incapable de pouvoir en parler quand les souvenirs de ce qu’elle a vus l’assaillent, elle a proposé à une vingtaine de personnalités de se mobiliser- et dire “Stop”, photographiées par Sarah Moon dans des clips produits par Fabienne Servan-Schreiber.
On y entend leurs voix, François Cluzet, Michel Piccoli, Anouk Grinberg, Jane Birkin, Emanuellle Béart commenter les images filmées par ces anonymes. “Nous n’avons plus de larmes et pas d’armes non plus” commente un des Syriens présents à la conférence de presse qui présente ces vidéos à la limite du soutenable. Pas d’images horribles, juste la douleur d’une mère qui porte son jeune garçon mort avec les cris de son cadet qui comprend que plus jamais il ne jouera avec son frère. Un homme qui brûle comme une torche sur sa moto après une bombe lancée sur une station d’essence, ou encore cet autre qui est abattu sous les yeux de celui qui filme. Et comme ce n’est pas du cinéma, il ne se relèvera pas. Une Vague blanche aura lieu le 15 mars comme l’an dernier, invitant chacun à se rendre dans la rue où qu’il soit dans le monde avec un tissu blanc marque STOP dans les mains. Prions pour qu’il n’y en ait pas une autre l’an prochain. Non, mieux que cela, indignons-nous et faisons ce qu’il faut, nous citoyens pour imposer à nos gouvernements que la Syrie ne meure pas dans l’indifférence comme aujourd’hui. Car ne rien faire, n’est-ce pas cautionner ?
Par Laëtitia Monsacré pour Jim le Pariser