Quand le FN peine à trouver des candidats…

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Par JOL Press Modifié le 6 septembre 2013 à 14h16

Marine Le Pen ne veut plus de crânes rasés lors des défilés du Front national. Elle a souhaité dédiaboliser son parti et peine à se débarrasser des irréductibles membres du FN encore attachés à une idée de la France qui était celle de son père. Et si trouver un militant sans passé judiciaire, ni antisémites, ni proches des milieux trop identitaires et capable d’assumer et défendre les propos du FN, était mission impossible ?

Le parti de Marine Le Pen a annoncé mercredi 4 septembre qu'il suspendait, en vue d'une possible exclusion, François Chatelain, futur candidat aux élections municipales dans le Nord. Son tort : avoir publié sur sa page Facebook des propos et photos à caractère antisémite.

« Les images et les propos publiés par François Chatelain (Neuville-en-Ferrain) sur sa page Facebook sont en totale contradiction avec la ligne politique du Front National », a fait savoir le secrétaire général du parti Steeve Briois, dans un communiqué. « Par conséquent, Monsieur Chatelain est suspendu du Front National et son investiture aux élections municipales lui a été retirée. Par ailleurs, il sera convoqué prochainement devant la commission de discipline du mouvement, en vue de son exclusion. »

Le FN alerté par un député UMP

Mercredi 3 septembre, Gérald Darmanin, député UMP, interpellait Marine Le Pen sur l'attitude « inacceptable » de ce candidat du Front National aux élections municipales dans le Nord. « François Chatelain affiche publiquement sur sa page Facebook des propos et des images incitant à la haine raciale, à l'antisémitisme et à la xénophobie », écrivait le député. « Ce genre de candidat, que le Front National soutient, va totalement à l'encontre de ce que vous semblez soutenir depuis votre arrivée à la tête du Front national. Le débat démocratique ne peut se faire qu'avec des acteurs respectant la République et ses valeurs », concluait-il.

Sur la page Facebook de François Chatelain on pouvait voir notamment un drapeau israélien en train de brûler, assorti d’une photo de profil ou une main arrachait un autre drapeau israélien avec ce message : « Ici c'est la France ! ». Les deux images ont depuis été retirées. « Attention, chut, c'est un juif », commentait, le 30 août, le jeune frontiste en diffusant sur sa page un article de Libération sur un rabbin mis en examen pour pédophilie.

François Chatelain n’est pas le premier à se faire virer

Mais ce cas est loin d’être isolé. Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, ils ont été nombreux à quitter le FN, volontairement ou par exclusion, ces nostalgique de l’époque où le parti était dirigé par un homme qui n’hésitait pas, lui aussi, à provoquer jusqu’à se faire condamner pour « contestation de crime contre l'humanité ».

En avril 2011, Alexandre Gabriac, conseiller régional en Rhône-Alpes, avait été épinglé pour avoir fait le salut nazi. « Je serai ferme et brutale s'il le faut, parce que nous en avons soupé de ce type d'agissement »,avait lancé la présidente du FN. Autre exemple : en juillet 2011, Yvan Benedetti, conseiller municipal de Vénissieux et bras droit de Bruno Gollnisch à Lyon, était exclu du parti pour ces propos rapportés par le site Trans-Europe-Extrême : « Je suis anti-sionniste, antisémite, anti-juif ».

Une stratégie de dédiabolisation qui ne semble pas séduire le président d'honneur du Front national : « La stratégie de Marine est de fournir à nos adversaires le moins d'angles d'attaques possibles. Par exemple, tous ces courageux et dynamiques militants qui se sont fait remarquer parce qu'ils avaient le crâne rasé ont été écartés », expliquait-il dans les colonnes du Times en juillet 2012. Sans doute préférait-il l’époque où le FN était un parti infréquentable ?

Où trouver de bons candidats ?

Face à ces coups de publicité dont le FN se passerait bien, il est impératif, pour le parti, de recruter des candidats sans passé judiciaires et déterminés à ne pas proférer le moindre propos à caractère antisémites ou xénophobe. Et l’équation n’est pas simple.

« Il faut savoir qu’au FN, les militants ou d’adhérents susceptibles de représenter le parti aux élections ne sont pas très nombreux : on se souvient de candidats qui se retrouvent sur les listes sans même en avoir émis la volonté… Les dirigeants sont désireux de trouver des gens ‘présentables’, qui font ou ont fait des études supérieures et disposent d’un vocabulaire étendu et châtié », analyse Jacques Le Bohec, professeur en Sciences politiques et spécialiste du Front national.

C’est pour cette raison que s’est retrouvée sur les bancs de l’Assemblée la jeune Marion Maréchal Le Pen et que le maire UMP de Fumel, Jean-Louis Costes, a dû affronter, au second tour de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, Étienne Bousquet-Cassagne, un étudiant en BTS de 23 ans. Jeunes, militants et irréprochables, elle est peut-être là, la solution des dirigeants du parti. A l’approche des échéances électorales du printemps, la commission des conflits, qui s’occupe d’examiner les cas d’exclusion, va « avoir du pain sur la planche »…

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