La première journée du forum international des pionniers de la responsabilité Sociétale des Entreprises et de l’économie verte inclusive en Afrique organisé par l’Institut Afrique RSE et la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie le 21 et 22 novembre 2012 à Tunis sera entièrement consacrée à la croissance verte en Afrique.
Plusieurs signaux indiquent en effet une dynamique sur le continent. Le premier et probablement le plus important est la priorité qu’elle occupe désormais dans l’agenda des décideurs car sans des politiques ambitieuses et une fiscalité incitative, il est difficile d’impulser l’économie verte.
En mars dernier, le Ministère tunisien de l’environnement et du développement durable annonçait la mise en œuvre d’une refonte complète des politiques environnementales afin d’impulser l’émergence d’une croissance verte. Dans le cadre de la préparation du sommet Rio + 20 qui s’est tenu au Brésil, avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement et/ou de l’environnement (PNUD / PNUE), les gouvernements africains ont organisé des ateliers nationaux de mobilisation des parties prenantes sur l’économie verte.
La 14ième Conférence ministérielle africaine pour l’environnement (CMAE), qui s’est tenue le 14 septembre à Arusha en Tanzanie, a fait le point sur Rio + 20 et a adopté une feuille de route avec un chronogramme de projets sur l’économie verte en Afrique.
Dans son étude « économie verte, opportunités de création de richesse et d’emplois » le Conseil économique et social du Maroc estime que les investissements projetés dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, de l’assainissement, de l’épuration des rejets liquides et de la gestion des déchets solides sont estimés à 20 milliards d’euros avec un potentiel identifié de création d’emplois de plus de 90 000 postes à l’horizon 2020.
Le Conseil économique et social du Mail a aussi consacré une session cet été aux opportunités offertes par une économie décarbonée dans le pays. En plus des études sur la croissance verte qu’elle vient de réaliser pour la Sierra Léone, le Rwanda et l’Ethiopie, on ne compte plus les initiatives et les fonds de green business de la Banque africaine de développement qui a véritablement pris le leadership sur cette question en Afrique.
A l’issue de leur rencontre du 20 et 21 mars dernier à Luanda, en Angola, pour préparer la rencontre Rio + 20, les Ministres de l’environnement de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) ont adopté une position commune. Dans la déclaration de Luanda, ils s’engagent à accélérer la transition vers l’économie verte et inclusive pour réduire la pauvreté conformément aux recommandations du PNUE. On note un intérêt particulier pour les zones côtières, la mer et l’économie bleue.
Le programme « Développement économique durable » de la Coopération allemande (GIZ) et la Direction générale de la PME du Ministère algérien de l’industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement (MIPMEPI) ont réalisé en mars l’étude « promotion des jeunes et des femmes dans l’économie verte en Algérie ». Il en ressort que le total d’emplois verts ou verdis pourrait passer de 447 962 en 2012 à près de 1 421 619 à l’horizon 2025 principalement dans le secteur des énergies renouvelables, de la récupération et de la valorisation des déchets, de la gestion de l’eau, du bâtiment vert à haute performance énergétique, des services liés à l’environnement et à la gestion des espaces verts.
D’après le PNUD Côte d’Ivoire, l’économie verte pourrait générer des milliers d’emplois dans le pays. La Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) vient de mettre en place un fonds pour le financement des projets d’économie verte au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Cette dernière lancera bientôt une étude sur les opportunités d’emplois verts et de création d’éco-entreprises dans ses dix (10) Etats membres.
La BDEAC s’inscrit dans les pas du Fonds africain pour les biocarburants et les énergies renouvelables (FABER) dont M. Tall, son président présentait récemment à Marrakech leur ambitieux programme pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables au Togo siège de l’institution.
L’Ile Maurice était l’hôte la semaine dernière du Dialogue régional sur l’économie verte pour les Etats insulaires de l’Océan Indien. Avec le soutien de l’Agence Française de Développement et du PNUD, le pays a lancé en 2008 le grand projet Maurice Ile Durable.
Dans son hommage au défunt Premier ministre éthiopien, le PNUE n’a pas oublié de rappeler que M. Zenawi a impulsé en Ethiopie une stratégie d’économie verte et résiliente au changement climatique avec une vision de pays à revenu intermédiaire neutre en carbone en 2025. Nul doute que son successeur poursuivra les projets engagés.
En plus des gouvernements, le secteur privé africain se positionne de plus en plus sur le green business. C’est le cas pour le Conseil national du patronat (CNP) du Sénégal qui rappelait en avril dernier à l’issue d’une rencontre sur l’économie verte sa disponibilité à collaborer avec les autorités et à saisir les opportunités de green business tout en précisant la nécessité de mettre en place un contexte législatif favorable. C’est probablement l’une des raisons qui a motivé la création cette année au sein de la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) d’une commission spécialement dédiée à l’économie verte.
Mais ces initiatives sont-elles suffisantes dans un continent qui s’urbanise à grande vitesse ? Quel rôle pour les collectivités territoriales ? Quelles sont actuellement les principales réalisations africaines dans le domaine de l’économie verte et du green business ? A suivre …
Thierry Téné, Directeur A2D Conseil et co-fondateur de l’Institut Afrique RSE