EconomieMatin.fr : Les PME françaises sont exsangues : vous proposez d'aider les banques à leur accorder des prêts, prêts qui seront rachetés par la Caisse des Dépots pour être titrisés. Ne craignez vous pas que le mot titrisation fasse fuir tout le monde ?
Le terme titrisation peut effrayer certains car il est parfois associé à tort à la crise des subprimes. Pourtant, la titrisation est une technique relativement ancienne qui a fait ses preuves depuis longtemps. On titrise depuis de nombreuses années des encours de carte de crédits, des crédits à la consommation ou des crédits pour acquérir des véhicules.... Le problème avec la crise des subprimes, ce n'était pas la technique de la titrisation en elle-même mais plutôt ce qui était titrisé, à savoir des crédits immobiliers de qualité extrêmement faible. On aurait tort de se priver de cette technique pour favoriser le financement des PME à cause d'une erreur d'interprétation sur l'origine de la crise des subprimes.
EconomieMatin.fr : Quand les PME ont besoin d'argent, bien souvent leurs comptes font fuir les banquiers... La seule solution pour leur venir en aide ne serait-elle pas une baisse massive et immédiate des charges, autrement que par le biais du CICE ?
Une baisse des charges des PME est un impératif absolu et notre proposition de loi sur la titrisation ne doit certainement pas être interprétée comme quelque chose qui viendrait se substituer à cette nécessaire baisse des charges. Il s'agit simplement d'une proposition qui peut être mise en place rapidement et qui peut aider les PME/TPE à un moment difficile. Mais une vraie baisse du coût du travail et la réduction de la pression fiscale demeurent nos priorités absolues. La difficulté est de mettre en œuvre ces mesures rapidement, tout en respectant la nécessité dans laquelle nous nous trouvons d'équilibrer nos dépenses publiques. C'est pourquoi nous insistons tellement sur l'obligatoire réduction des dépenses publiques comme un préalable absolu pour assainir l'économie française, durablement et en profondeur.
"Paiement des taxes et charges : L'administration doit faire preuve de souplesse et de compréhension"
EconomieMatin.fr : Que pensez vous d'un moratoire fiscal, d'une pause de trois mois ou six mois sur les impôts et charges à percevoir auprès des TPE et PME qui en feraient la demande auprès du Trésor et de l'URSAAF, pour leur laisser reprendre leur souffle ?
Il est évident que des entreprises qui sont à bout de souffle ne doivent pas être entrainées dans un dépôt de bilan par une application tatillonne des délais de paiement par l'administration fiscale ou l'URSAAF. D'ailleurs, il existe déjà des moyens pour les entreprises qui connaissent des difficultés de demander des délais supplémentaires. Sur ce sujet, je pense que chaque situation a un caractère particulier et qu'il est difficile, voire potentiellement nuisible, de prendre des décisions à caractère général. Mais il est indispensable que les administrations fassent preuve de souplesse et de compréhension dans ces moments difficiles.
EconomieMatin.fr : Les délais de paiement s'allongent de manière dramatique et une entreprise sur trois disparaît non pas faute d'activité ou parce qu'elle est déficitaire, mais parce que ses clients ne la paient pas à temps. Argent dehors : délai de paiement automatique et proportionnel pour régler ses impôts ?
La problématique des délais de paiement est effectivement une calamité absolue pour les entreprises, et particulièrement pour les PME/TPE. La loi LME va dans le bon sens, le problème est qu'elle reste bien souvent inappliquée et qu'il faut l'améliorer d'urgence. Encore une fois, je ne suis pas certain qu'établir une automaticité entre l'allongement des délais de paiement des créances des PME/TPE et les délais de paiement des impôts et charges soit la solution miracle. Je préfère me focaliser sur les moyens d'améliorer la loi LME et je suis d'ailleurs en train de réfléchir sur le sujet avec un groupe d'experts. Par contre, il faut encore une fois que les administrations fassent preuve de souplesse et de compréhension dans ces moments difficiles et qu'elles prennent mieux en considération les difficultés qu'ont les PME/TPE à recouvrer leurs créances.