Devinette : qui a dit, en parlant du système français d'indemnisation du chômage, "dans le système actuel, je peux attendre six mois un an avant de rechercher un travail" ? Et encore "nous trouvons, et je pense que beaucoup de Français trouvent, qu'il y a par exemple tout un système de montants de rémunération maintenus quelles que soient les conditions, qui pose un certain nombre de questions" ?
Bon, pour aider un peu, le même a aussi déclaré "ça sera dans le débat, y compris dans le débat social dans les mois qui viennent, puisqu'il y aura une renégociation dans les mois qui viennent de l'assurance-chômage". François Fillon ? Non. Nicolas Sarkozy ? Non plus. Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, que l'on entend plus depuis des semaines ? Vous n'y êtes pas.
L'auteur de ces propos - courageux-audacieux--démagogues-suicidaires, rayez les mots inutiles- est tout simplement Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, invité de l'émission Preuves par trois sur Public Sénat (vidéo ci-dessous). François Rebasmen, le ministre du Travail et de l'Emploi, n'a pas encore réagi, mercredi 8 octobre matin, à ces propos. Comme pour se justifier, Jean-Marie Le Guen a expliqué que le gouvernement "pose raisonnablement les choses sans défaire le modèle social". Manuel Valls, lors de son déplacement à Londres lundi, avait déclaré en off à des journalistes que la question de la réforme de l'assurance-chômage et du montant des indemnités était sur la table. Une renégocation de la convention assurance chômage est de toute manière prévue en 2016, alors que le régime d'indemnisation cumule les déficits depuis des années. Fin 2014, le total des déficits de l'Unédic devrait atteindre 22,3 milliards d'euros.
En France, les allocations chômage sont identiques tout au long de la période d'indemnisation, pourvu que le chômeur ne travaille pas. Chez nos voisins européens, elles sont pour la plupart du temps dégressives, et tronquées voire suspendues après trois refus successifs de postes proposés. La France est aussi le pays qui indemnise le plus longtemps les chômeurs, avec un maximum de 24 mois pour les moins de 50 ans, 36 mois au dessus, pourvu que le salarié ait cotisé au moins aussi longtemps, selon la règle du "un mois cotisé, un mois indemnisé".