Les propriétaires de "châteaux" font grise-mine. Si tous les viticulteurs français, d'où qu'ils soient, mais essentiellement de vins de Bordeaux, n'appellent pas forcément leurs vins "château" quelque chose, c'est tout de même une tradition assez largement répandue, quand bien même le château, les bâtiments situés sur le domaine et indispensables pour se prévaloir du mérite de l'appelation n'en est pas vraiment un.
Or, les viticulteurs américains, qui partent conquérir le monde avec leurs vins artificiellement vieillis dans des fûts métalliques dans lequel on plonge des copeaux de chênes spécialement produits pour cet usage... en France, n'hésitent plus désormais à affubler leurs produits du nom de "château" pour faire plus "français". Avec des règles d'usage nettement plus souples qu'en France, pour ne pas dire symboliques. Un comble ! Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, ira donc aujourd'hui demander à la Commission Européenne de mettre le hola sur cette pratique jugée déloyale par la profession. Le problème, c'est que la France est bien seule dans cette affaire. Défendre nos châteaux est un problème... franco-français.
Les viticulteurs n'ont en tout cas pas fini de se faire des cheveux blancs : la Commission Européenne, après avoir longtemps sévérement régulé le secteur en gérant les droits de plantation et subventionnant l'arrachage, a décidé d'en finir d'ici à 2018. L'enjeu : permettre aux producteurs européens de produire plus, pour exporter plus (air connu). Avec le risque de voir en fait les prix de vente s'effondrer, victimes d'une surproduction. La bataille du vin ne fait que commencer.